Réaliser son rêve d'enfant ? Bien des parents s'offusquent d'entendre leur enfant dire qu'il veut devenir ceci ou cela – quand l'objet du rêve ne cadre pas avec leurs aspirations. « Non, tu seras docteur ! » Ce genre de réponse est typique de l'égoïsme des parents. Cette attitude de refus du rêve de l'enfant peut occasionner des déconvenues. Nous avons vu des personnes embrasser la carrière choisie par leurs parents sans pour autant qu'ils soient épanouis dans leur travail. Bonjour le stress, la déprime ou les fautes professionnelles. L'école ne peut-elle pas contribuer à former des futurs travailleurs (tous statuts confondus) épanouis et efficaces ? Nous parlons ici d'efficacité au sens psychologique et relationnel. En posant cette question, nous nous plaçons en plein dans la problématique de l'orientation scolaire et… professionnelle. S'il n'est pas résolu en amont – avant la fin du collège – cet épineux problème risque de créer des situations dommageables dans l'exercice d'un métier. Il se dit qu'il n'y a de bon travailleur que celui qui exerce son métier avec plaisir. Son rendement est meilleur et ses relations au beau fixe avec son entourage. Pour lui, « le travail c'est la joie » pour reprendre Victor Hugo. Le choix du métier dépend de plusieurs paramètres. Le désir (ou le rêve) ne suffit pas. Il fait naître la motivation, voire la vocation, certes, mais d'autres paramètres interviennent tels que les aptitudes et les conditions objectives (les possibilités de formation disponibles). Mais le facteur essentiel, qui peut jouer un rôle prépondérant dans l'orientation future, c'est l'information aux métiers et aux professions. C'est à l'école – dès les premières années – que cette information s'obtient et dans ses moindres détails. De son expérience de la vie – visites, observation de son milieu familial, documentaires à la télévision etc. – l'enfant construit un imaginaire autour des métiers. Dans ce cas, il se peut qu'il vienne à s'identifier à des adultes. Des penchants et des désirs peuvent naître à cet âge et se fortifier ensuite. Il suffit d'une meilleure connaissance donnée en classe pour que l'enfant se fasse une idée précise, comparer le métier désiré avec d'autres qu'il découvrira grâce à l'école. La scolarité durant, il aura à expérimenter des sensations par cette information et ces contacts que lui aura procurés l'école, le collège ou le lycée. La pratique institutionnalisée dans l'orientation scolaire est trop administrative. Les spécialistes – y compris les officiels – dénoncent le peu d'intérêt accordé à ce type d'éducation. Choisir une orientation, c'est se projeter dans l'avenir d'adulte donc se préparer en conséquence. Et qui dit préparation, dit éducation (information et sensibilisation). La semaine d'orientation organisée chaque début de second trimestre est insuffisante pour ne pas dire inefficace. Elle relève d'une approche administrative. Des pistes d'espoir Une expérience unique en son genre est actuellement menée dans un petit village de l'Ardèche, en France. En proie à un dépeuplement de ses classes, le collège de la commune s'apprêtait à fermer ses portes. Devant cette issue fatale, le professeur d'EPS, sapeur-pompier volontaire en ses heures libres, décida de mettre en pratique une idée lumineuse. Il proposa à la tutelle départementale la création d'une section JSP (Jeunes sapeurs-pompiers). La proposition acceptée, voilà l'établissement devenu le point de mire d'une multitude de jeunes collégiens de la région. Les demandes d'inscription pleuvent et la fermeture n'est plus à l'ordre du jour. Les recrutements se font à partir de la 5e, en classe d'accueil. Les études normales en collège se font en parallèle avec l'initiation au métier. Toute une batterie de modalités et de critères est mise en place en appui d'un dispositif pédagogique (méthode et programme) pour amener le débutant à décrocher son brevet de JSP (Jeune sapeur-pompier). Certains finiront par accéder au concours de recrutement de pompiers professionnels. Un poste difficile à obtenir par voie classique. Ces collégiens auront ainsi réalisé leur rêve : faire des études comme tous leurs camarades et, en sus, assouvir une vocation. En Algérie, un pointe d'optimisme est venue, ces derniers temps, nous réconcilier avec ce concept de vocation. Dans le cadre de la réforme, le dessin et la musique ont intégré les examens de fin de cycle. Il était temps. Ainsi, les artistes en herbe, et ils sont nombreux, pourront continuer à se motiver pour l'art qu'ils ont choisi (ou qui les a choisis). Revalorisées de la sorte, ces disciplines scolaires, jusque-là minorisées, pourront procurer à leurs enseignants un surcroît de motivation pour parfaire leur formation et redoubler de talent en direction de leurs élèves. Ces derniers seront encouragés dès le début de l'année scolaire quand ils sauront qu'ils auront l'occasion d'engranger des points précieux pour le verdict final. Dommage que l'examen soit perçu en tant que seul moyen de motiver nos élèves. Il existe d'autres pistes à explorer qui décuplent les énergies et poussent les élèves à l'effort. Ce n'est pas là l'objet de notre propos. Une chose est sûre : l'école est l'espace irremplaçable où se montent les projets individuels et se construisent des avenirs professionnels.