Trente-sept personnes, dont vingt-deux soldats libanais, ont été tuées lors d'affrontements les plus violents depuis des années dans cette région hier dans le nord du Liban entre l'armée et des éléments de Fatah Al Islam, un groupe armé palestinien, selon un nouveau bilan communiqué par un porte-parole militaire libanais. D'importants renforts de l'armée libanaise sont arrivés dans la matinée à Tripoli, la grande ville du nord du pays. Les tirs y avaient cessé dans l'après-midi, mais la situation restait très instable, notamment aux abords du camp de réfugiés palestiniens de Nahr Al Bared, au nord de Tripoli, où les accrochages à l'arme lourde se poursuivaient. Des échanges de tirs entre combattants de Fatah El Islam et soldats libanais avaient éclaté dans la nuit à Tripoli ainsi qu'aux abords du camp, où l'organisation islamiste avait annoncé en octobre 2006 sa création. Sept soldats, a indiqué l'armée, ont péri dans la localité côtière de Qalamoun, à dix kilomètres au sud de Tripoli, deuxième ville du pays, dans une embuscade tendue par des islamistes à leur véhicule. Quatre autres militaires ont été tués dans les échanges de tirs à Tripoli et près de Nahr Al Bared. Sept militants islamistes, selon les services de sécurité, ont également été tués dont trois lorsque l'armée a donné l'assaut dimanche à un immeuble à Tripoli où étaient retranchés des hommes du Fatah El Islam. L'un des militaires a été tué dans l'assaut, ainsi qu'un civil. Un responsable palestinien a, pour sa part, affirmé à la presse qu'environ 40 réfugiés palestiniens ont été également blessés. L'armée libanaise a annoncé en fin de journée d'hier avoir repris le « contrôle » de la situation et l'arrestation de quatre éléments de Fatah El Islam. Aux termes d'accords libano-palestiniens vieux de 38 ans, les forces de l'ordre libanaises ne sont pas autorisées à entrer à l'intérieur des camps palestiniens. A Beyrouth, le Premier ministre Fouad Siniora a accusé le Fatah El Islam « de vouloir porter atteinte à la paix civile ». « Les coups portés par le Fatah El Islam contre l'armée libanaise sont un crime prémédité et une tentative dangereuse de déstabilisation », a affirmé M. Siniora. Le chef de la majorité parlementaire antisyrienne, Saad Hariri, a appelé au calme, soulignant son soutien à l'armée. Le député du nord du pays, Moustapha Hachem, a accusé la Syrie d'attiser la tension « alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se prépare à voter une résolution créant un tribunal spécial pour juger les assassins du dirigeant libanais Rafic Hariri ». Hier, la Syrie a fermé deux de ses postes-frontières avec le Liban en raison « de la situation sécuritaire » dans le nord de ce pays. Evoquant les causes des violences, le commandement de l'armée a indiqué que des éléments du Fatah El Islam « ont attaqué des positions de l'armée dans le périmètre du camp de Nahr Al Bared, et dans la banlieue nord de Tripoli lorsqu'une patrouille des FSI (forces de sécurité intérieure) a entrepris de prendre d'assaut un immeuble dans Tripoli », où étaient retranchés des islamistes soupçonnés d'avoir commis un hold-up en ville.