Des combats meurtriers ont opposé, hier, à Tripoli, nord du Liban, l'armée libanaise à une faction palestinienne réputée proche d'Al Qaîda Le Liban a soudainement renoué, hier, avec les violences lors d'affrontements meurtriers entre l'armée libanaise et un groupuscule palestinien «Fatah al-Islam» dans la périphérie du camp palestinien de Nahr al-Bared dans la banlieue de Tripoli, la grande agglomération du nord. Treize militaires ont été tués et 27 autres blessés, dont certains se trouvent dans un état grave, lors de ces affrontements survenus après un assaut donné par l'armée contre un refuge islamiste, indiquait-on, hier, de sources militaire et hospitalière. Mais ce bilan reste cependant provisoire selon ces sources qui avançaient, hier en milieu de matinée, le chiffre de 22 morts au total, dont treize militaires, huit combattants du Fatah al-Islam et un civil en sus de plusieurs blessés dont au moins 27 militaires. «Les combats au canon et à la roquette antichar, commencés à l'aube autour de Nahr al-Bared, continuaient en milieu d'après-midi (hier) entre l'armée et les combattants palestiniens», a affirmé un porte-parole de l'armée libanaise. Il a, également, indiqué que les soldats recherchaient toujours un combattant du Fatah al-Islam caché dans la cave d'un immeuble de Tripoli contre lequel l'armée avait donné l'assaut. Les affrontements avaient commencé dans la nuit de samedi à dimanche dans la périphérie de Nahr al-Bared -un camp de réfugiés palestiniens abritant quelque 22.000 personnes- lorsque l'armée libanaise avait tenté de déloger des membres présumés islamistes appartenant au groupuscule Fatah al-Islam, une faction réputée proche d'Al Qaîda. Nahr al-Bared est l'un des douze camps de réfugiés palestiniens. Aux termes d'accords libano-palestiniens, les forces de l'ordre libanaises ne sont pas autorisées à entrer à l'intérieur des camps. Fatah al-Islam qui a squatté Nahr al-Bared et en a fait son bastion, admet des affinités idéologiques avec Al Qaîda mais a, jusqu'ici, démenti toute appartenance à la nébuleuse terroriste d'Oussama Ben Laden. Ce groupuscule, dirigé par Chaker Abssi, né à Ariha, en Cisjordanie en 1955 qui s'est signalé pour la première fois, en novembre 2006, en annonçant sa création. Chaker Abssi est soupçonné d'avoir eu des liens avec l'ancien chef d'Al Qaîda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui, tué dans un raid américain en Irak en 2006. A la fin de l'année dernière, le chef au Liban du Fatah, le parti du président palestinien, Mahmoud Abbas, Sultan Aboul Aynaïn, avait indiqué que Fatah al-Islam «était lié à Al Qaîda» et avait «infiltré au Liban, 150 combattants arabes venus d'Irak». Le chef de ce groupuscule, Chaker Abssi, rappelle-t-on, a été condamné en 2003 en Syrie à trois ans de prison. Installé à Nahr al-Bared, Chaker Abssi fait l'objet d'un nouveau mandat d'arrêt, indique Damas qui rejette, par ailleurs, tout lien avec ce groupuscule. Pour venir à bout de ce Fatah al-Islam et le neutraliser, l'armée libanaise a fait venir, hier, d'importants renforts à Tripoli. Le Liban n'avait sans doute pas besoin de cette nouvelle épreuve au moment où la crise induite par l'affaire Hariri continue de partager le champ politique libanais. De fait, l'inquiétude était grande hier à Beyrouth où plusieurs personnalités politiques ont appelé au calme et se sont exprimées sur le développement de la situation à Tripoli. Le chef de la majorité parlementaire «anti-syrienne», Saâd Hariri, a appelé, pour sa part, au calme, soulignant «son soutien à l'armée» et demandant à la population de Tripoli de coopérer avec elle. De son côté, le chef du Fatah au Liban, Sultan Aboul Aynaïn, a apporté hier son «soutien à l'armée libanaise», demandant, d'autre part, à ce que ne soit pas portée aux Palestiniens la responsabilité des actions du Fatah al-Islam «Ces gens (le Fatah al-Islam) utilisent le camp de Nahr al-Bared pour mener des opérations à des fins de politique régionale qui ne concernent pas les Palestiniens», a indiqué Sultan Aboul Aynaïn à la télévision. Evoquant les causes de la flambée de violence, le commandement de l'armée libanaise a indiqué que des éléments du Fatah al-Islam «ont attaqué des positions de l'armée dans le périmètre du camp de Nahr al-Bared, et dans la banlieue nord de Tripoli lorsqu'une patrouille des FSI a entrepris de prendre d'assaut un immeuble dans Tripoli, où étaient retranchés des islamistes.»