Lieux de divertissement, de repos et de délassement, les cafés d'Alger ont joué un grand rôle dans le développement et la renaissance de la musique algérienne. Il faut noter qu'une intense et enrichissante activité artistique et culturelle s'enclencha dès le début des années 1920, offrant l'opportunité à nos compatriotes de s'imprégner d'un legs et d'un patrimoine ancestraux. C'était aussi l'époque de l'éveil politique et de la prise de conscience nationaliste. Alger ne fut pas en reste. Bien évidemment. Des témoignages et des écrits rapportent que les clients installés dans des décors charmants et avenants communient avec des musiciens qui, avec force mélopées et chants, charmaient l'auditoire. L'orchestre, au demeurant très réduit, comprend un r'bab, une kouitra, une mandoline, une flûte et autres instruments à percussion comme la derbouka. Les auditeurs appréciaient des partitions de musique savante. Parmi les artistes les plus réputés de l'époque, citons à titre indicatif Mohamed Sfindja. Le maître fut un précurseur et un pionnier méritant. Sa collaboration avec Edmond, Yafil, Israélite lettré et fin mélomane, fut fructueuse. Mahiéddine Bachetarzi note qu'Edmond Yafil s'intéressa vivement à Mohamed Sfindja. Ce dernier, persuadé de l'intérêt qu'on lui accorde et de la nécessité de transcrire et consigner les fonds de cette musique classique, ne ménagera pas ses efforts pour se faire. S'y ajouta l'apport d'un certain Jules Rouanet, chargé alors d'inclure la musique arabe dans la grande encyclopédie de la musique. Ces trois personnages consignèrent pour la postérité 76 airs, selon le témoignage de Mahieddine Bachetarzi. Ce travail se poursuivra même après la mort de Mohamed Sfindja. De fil en aiguille, l'essor musical s'enclencha et se fortifia crescendo. Une chose est certaine : la musique rapprocha les confessions, les mélomanes indépendamment de leurs croyances. Un bel exemple qui gagne à être médité.