A chaque sortie d'album, la chanteuse arabo-andalouse Beihdja Rahal a l'habitude de gratifier son public de plusieurs concerts. Ainsi, pour la sortie de son treizième produit la nouba Mezmoum, elle sera ce soir, à la salle Ibn Khaldoun pour un concert unique de promotion de ce nouveau CD. Beihdja Rahal est l'une des figures de proue de la musique andalouse hawzi et aroubi. Depuis des années, elle œuvre pour la promotion du patrimoine mélomane du terroir, et ce, en effectuant un travail de préservation discographique des noubate. Elle a présenté, à la presse, son dernier enregistrement, la nouba Mezmoum, troisième opus de la collection, entamée en 1998 avec le mode mezmoum. Ce dernier est l'un des modes les plus caractéristiques de la musique andalouse. La cantatrice a tenu à souligner que le travail de son dernier-né, édité chez Soli Music, a vu le jour grâce au soutien financier du Centre culturel français. Elle regrette, cependant, que les institutions étatiques, n'accordent aucun intérêt à la musique arabo-andalouse. La nouba mezmoum comporte en tout douze titres dont entre autres el inkilleb, el mçader, el betayhi, istikhbar, el dardj, el insiref et el khellas. La nouba en question comporte certains morceaux musicaux ayant appartenu à Hadj Omar Bensemmane. En juin 2004, Beihdja Rahal sollicite Yacine, le fils de Hadj Omar Bensemmane, sur l'origine et l'authenticité de certains morceaux musicaux du monde mezmoum. C'est avec stupeur que Yacine Bensemmane prend connaissance de leur origine douteuse véhiculée ici et là, ainsi que de leur interprétation. Il met à la disposition de la chanteuse le legs de son père : des bobines d'enregistrements sonores. Beihdja Rahal est donc venue résoudre l'authenticité d'un morceau de ce mode avec une nouba, donnée par Laho Seror à Hadj Omar Bensemanne en 1937 qui, à son tour, l'a transmis à son fils Yacine en 1996. Dans un petit livret se trouvant dans le CD, il est mentionné de la plume du défunt Tarek Hammouche que Hadj Omar Bensemmane a su perpétuer cette musique andalouse pour que d'autres générations reprennent le flambeau et préservent cette richesse musicale des vicissitudes du temps. La chanteuse a ainsi travaillé sur des pièces de ce programme. Il est à noter que le souci de l'artiste Hadj Omar Bensemanne était justement de transmettre son répertoire. De nombreux morceaux qu'il a acquis de Laho Seror, de Bouchaâra et de bien d'autres ont constitué le complément essentiel de la nouba d'Alger. Beihdja Rahal s'est dit ravie d'avoir travaillé sur une discographie, vieille de plus de 50 ans. Elle a d'ailleurs l'intention d'exhumer d'autres morceaux musicaux. Comme elle le dit si bien, le travail ne s'arrête pas à l'enregistrement d'une nouba. « Le travail englobe les enregistrements, les recherches, les cours donnés à l'Institut du monde arabe à Paris, les concerts donnés un peu partout et autres. » La cantatrice andalouse qui dirige également son propre orchestre affirme qu'il est très facile de travailler avec des musiciens hommes, cependant la rigueur doit primer. A la question, pourquoi donner cette fois-ci un concert unique à Alger alors que par le passé, elle assurait la promotion de ses produits sur plusieurs dates de concert, elle répond : « Je ne peux me produire à Alger que le 30 septembre, car je suis programmée à l'étranger pour d'autres récitals. » Beihdja Rahal en concert à la salle Ibn Khaldoun, et dans le hall une dédicace, c'est ce soir à partir de 21h. Sinon, les mélomanes de Beihdja Rahal peuvent d'ores et déjà se procurer le CD ou la cassette magnétique dans les bacs des disquaires.