Sorti chez Soli Music, c'est une véritable première dans le domaine de la musique classique algérienne. Beihdja Rahal, l'interprète de musique andalouse vient de sortir chez son éditeur et distributeur algérien, Soli Music, un coffret inédit de 9 CD plus deux cassettes en bonus. Cette opération voulue pour la fin de l'année est venue suite à la demande incessante de certains organismes et institutions culturels pour ce cadeau à offrir à leurs clients. Une demande que Beihdja Rahal a voulu satisfaire, d'abord par amour pour la musique andalouse et l'envie de faire partager ce trésor musical avec le public, notamment ceux désireux d'avoir toute la collection de Beihdja Rahal. Notons que cette démarche est une première dans le domaine de la musique andalouse, nonobstant les quelques enregistrements faits par l'Onda pour préserver et sauvegarder notre patrimoine musical classique. Toutefois, ces compilations restent soigneusement réservées pour certains professionnels et loin de la portée du large public, d'où l'idée de Beihdja Rahal de commercialiser cette musique pour la faire connaître et par le plus grand nombre d'amateurs de musique classique algérienne. Outre le fait que ce coffret qui vient tout récemment de sortir et que vous retrouverez chez tous les disquaires, en particulier Soli, il vous est toujours possible d'acquérir les CD individuellement. A l'intérieur du coffret, on retrouve les 9 CD sortis ces quatre dernières années chez Soli plus les deux cassettes enregistrées en France, Beihdja n'ayant pas reçu l'autorisation de l'éditeur français de les faire sortir en CD en Algérie. Toutes les Noubas que Beihdja Rahal a enregistrées sont disponibles dans ce coffret à l'exception de deux: la Nouba rasd qui n'est jamais sortie en Algérie et la Nouba raml sortie il y a quelques années chez Laser. Toutefois, l'essentiel de Beihdja Rahal est là, brassant un éventail de mélodies et de modes savamment concoctés et surtout chantés. Le prix du coffret, précise la diva de la musique andalouse, ne dépassera pas les 2500 DA. «Au lieu d'offrir autre chose au même prix, on peut offrir de la musique. C'est quand même notre culture, c'est quelque chose qui reste. On a envie de faire découvrir une musique comme celle-là», confie-t-elle. Spécialisée dans la Nouba, Beihdja Rahal dit aimer ce genre avant tout pour se faire plaisir puis au public, c'est pourquoi elle aime l'interpréter sur scène. «De toute façon, la musique classique n'a jamais enrichi son interprète. Je ne m'arrêterai pas tant qu'il y a des choses à chanter, à jouer et à enregistrer dans ce domaine», avoue-t-elle. Rappelons que Beihdja Rahal a enregistré les 12 Noubas restantes sur les 24 issues de notre patrimoine classique. Et elle compte bien poursuivre l'aventure. Partant du défi relevé avec la Nouba mezmoum où elle a promis d'accompagner le CD d'un livret comprenant les textes de toutes les chansons plus d'autres informations et biographies utiles sur elle, ses pairs et ses amis en matière de musique andalouse, Beihdja vous promet de continuer en ce sens, à chaque sortie d'une nouvelle Nouba, avec plus de professionnalisme et de qualité. Mue par le désir de faire découvrir sa musique et la «démocratiser», Beihdja Rahal a animé jeudi dernier un concert à la salle Ibn Khaldoun, organisé par l'association de Marseille Ecume avec qui elle travaille depuis des années. Dans le cadre de son festival des chants sacrés en Méditerranée, Beihdja Rahal a croisé sa voix de rossignol à celle de l'ensemble The Ring Around Quartet pour une élévation spirituelle relevant d'un chant mystique de la renaissance. Un exploit pour la soprano, le ténor... unissant leur sensibilité à l'univers de la musique andalouse. Après les Français, les Espagnols, voilà Beihdja qui «fusionne» avec les Italiens. Une expérience applaudie chaleureusement! «Lors de la balance, on a essayé d'établir un programme en commun. Ce qui est vraiment intéressant, c'est qu'on leur a fait découvrir notre musique andalouse, parce qu'en Europe, on ne la connaît pas. Je leur ai appris deux morceaux de notre répertoire classique. Ce sont quatre solistes chanteurs. Chacun a apporté sa touche. Moi, avec de l'andalou pur et eux interprétant les morceaux selon la transcription phonétique que je leur ai faite», explique la musicienne, et d'ajouter: «Si on peut faire connaître notre musique à des étrangers, pourquoi pas? Bien sûr, je ne peux pas dire que c'est comme cela qu'on chante la Nouba. Mais si on travaille ensemble, pourquoi pas? Chacun gardant sa personnalité. Il y a eu un partage».