Il portait beau et bien le titre du film l'ayant révélé au cinéma Le Beau Serge de Claude Chabrol, il y incarnait la Nouvelle vague sur laquelle il aura surfé plus d'un demi-siècle avec au compteur près de 200 films d' une grande générosité, d'humanisme, de délicatesse et bien sûr, d' un légendaire épicurisme. Il s'agit de l'acteur, réalisateur, scénariste, homme de théâtre et écrivain français Jean-Claude Brialy. Il s'est éteint mercredi, à son domicile parisien à l'âge de 74 ans, à l'issue d'une longue maladie. « Jean-Claude est comme un jeune frère pour moi et je regrette qu'il soit parti avant moi. ça me paraît insupportable de parler de lui et de ne pas parler avec lui. Je garde l'image d'un jeune homme quand il est venu dans ma loge, il y a bien des années, son sourire, sa générosité, son élégance », lui a rendu hommage son alter ego, l'actrice Jeanne Moreau. Jean-Claude Brialy est né le 30 mars 1933 à Sour El Ghozlane( ex-Aumale, en Algérie). Il était apparu pour la première fois au cinéma en 1956, dans Eléna et les hommes de Jean Renoir. Il fut notamment l'interprète de Louis Malle dans Ascenseur pour l'échafaud, 1957, Les amants, 1958, Les cousins, 1959, de François Truffaut Les quatre cents coups, 1959, d' Eric Rohmer Le genou de Claire, 1970. Réalisateur à la télévision et pour le grand écran, il signa notamment une dizaine de films, dont églantine (1971) et Les volets clos (1972). Personnalité de la vie mondaine parisienne, il était également le propriétaire d'un théâtre de la capitale, Les Bouffes parisiens. Il avait tourné son dernier film pour la télévision en 2006, Monsieur Max (Gabriel Aghion). Il avait également écrit plusieurs livres de souvenirs à succès Le ruisseau des singes (Robert Laffont, 2000) et J'ai oublié de vous dire, en 2004 (XO éditions). Il y a deux ans, Jean-Claude Brialy était revenu sur son humus natal pour les besoins d'un tournage d'un documentaire intitulé : Sur les traces de son enfance algérienne. Un film initiatique et autobiographique qui avait été présenté en mai 2006 à la salle Ibn Zeydoun, à Alger et où nous avons rencontré le « beau Serge », sémillant et éternel jeune premier, pour une interview déjà prémonitoire. « J'espère que je ne suis pas à la fin de ma vie. C'est bien de faire le point. Se dire où est-ce que j'ai été heureux ? On a tous, même les privilégiés comme moi, des soucis, des problèmes de travail et de santé, des films qu'on ne nous propose pas, le manque d'argent. Comme tout le monde. On a tous des épreuves qui font que nous sommes tous égaux, les riches, les pauvres, les célèbres, les anonymes... Et d'ajouter : « Je crois, je vais voir le président de la République (Abdelaziz Bouteflika) aujourd'hui ou demain. Hier, il avait beaucoup de choses à faire avec le remaniement ministériel. Je vais lui rendre une petite visite. Moins longue que la dernière fois. Puisque je suis resté plus de cinq heures. Il est toujours aimable avec moi et il me considère comme un enfant du pays. Ce qui est un grand honneur pour moi.... », nous avait-il confié avec ce bagout et autre joie de vivre qu'on lui connaît. Jean-Claude Brialy aura été jusqu'au bout dans sa beauté, l' élévation et l'élégance humaine de Serge ! The show must go on !