La Cinémathèque algérienne présente depuis quelques jours aux cinéphiles avertis le cycle du réalisateur Claude Chabrol et ce, en collaboration avec le service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France. Né en 1930, Claude Chabrol a débuté dans le monde du cinéma comme critique dans la revue la plus sérieuse, du 7e art français Les cahiers du cinéma. Avec Le beau Serge et Les cousins, réalisés en 1959, il intégra la nouvelle vague du cinéma français aux côtés de Godard, Truffaut et Clément ou encore Clouzot. En quatre décennies, il signa une des oeuvres les plus complètes du cinéma français. En 1997, il a fêté avec Rien ne va plus son cinquantième film. Le cinéaste le plus complaisant du cinéma français alterne avec aisance des films d'auteur, des adaptations littéraires de Flaubert avec Madame Bovary (où il déploie un art de l'ambiance sonore entre frou-frou, conversation et rires sautillants, un art grisant, forcément grisant) ou encore celle du Simenon comme Les fantômes du chapelier en 1982 ou Betty avec Marie Trintignant. Chabrol est à l'aise dans le film criminel, qu'il le prenne au sérieux ou le détourne en comédie comme dans L'inspecteur Lavardin. Le meilleur de son oeuvre tous genres confondus, est dans l'observation. Il rend volontiers féroce une bourgeoise, souvent provinciale, qu'il connaît assez bien pour la traiter sans indulgence. Caustique ou goguenard balzacien bon vivant et metteur en scène méticuleux, désabusé, mais pas méchant (il est ni Duvivier, ni Clouzot), il creuse un long sillon personnel dans le réalisme noir de la comédie humaine. Parmi ses films qui sont programmés à la Cinémathèque, il y a La cérémonie avec Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert. Sujet en plein coeur des préoccupations d'époque (retour du politique, fracture sociale...), mise en scène d'une maîtrise époustouflante, Chabrol redevient tête de série avec la tragi-comédie du maître et du valet et qui offre au spectateur la jouissance et l'effroi de son propre massacre. La cérémonie fait partie du havre de paix et de violence. Les Lelièvre habitent une maison bourgeoise près d'un village breton. Sophie, la nouvelle bonne à tout faire, est efficace, mais un peu étrange. Elle se lie d'amitié avec Jeanne la postière du bourg, les deux filles s'introduisent dans la maison des Lelièvre et massacrent tous les membres avec une sauvagerie inimaginable. Autre film prévu dans ce cycle, Betty qui raconte les aventures tragico-sociales d'une belle aoule qui échoue dans un restaurant près de Versailles et qui se lie d'amitié avec la maîtresse du tenancier. Une descente dans les souvenirs s'ensuit. Enfin, on ne peut suivre ce cycle sans (re) découvrir le cinquantième film de Chabrol Rien ne va plus avec le grand Michel Serrault. Dans ce film, Chabrol se laisse aller dans les contrastes et les changements de ton en mettant un couple en désaccord dans des situations les plus incertaines dans l'univers de l'argent. En définitive, ce cycle des films de Chabrol nous donne une bonne occasion de redécouvrir sur grand écran la vraie société française dans toutes ses situations et dans tous ses états.