Avec l'avènement de l'aviculture moderne qui autorise un poulet de chair à se laisser sacrifier dès l'âge de 42 jours, l'alimentation humaine allait également connaître le foisonnement des fast-foods, ces gargotes gigantesques où le même plat peut être servi en même temps à travers toute la planète. Il était attendu de nos commandeurs qu'ils fassent l'effort de ne pas se laisser distancer. C'est ainsi qu'avec la même recette, nos poulets auront droit à un allongement conséquent de leur durée d'élevage. Sans que ni la qualité, ni le prix ne soient à la mesure de la contre performance. Toutefois, nos techniciens finiront par trouver la parade afin de ne pas décrocher et surtout de ne point écorcher notre amour propre. Incapable d'inventer le poulet sans plume, ce qui permet de faire de substantielles économies, ils nous fourgueront, avec la duplicité de nos vaillants contrôleurs, des poulets à escalope. Face à la demande de plus en plus croissante en ce morceau royal que l'on découpe uniquement dans le blanc de poulet où il n'y a pas un micron de cholestérol, nos abatteurs –par analogie avec abattoirs- auront tout simplement recours à une entourloupette dont le brevet leur revient de droit, qui consiste à découper les cuisses de poulet, à les étaler dans une barquette à escalope et à les vendre pour de l'escalope. Du coup, le vendeur se remplit les poches, l'acheteur se torture les dents et la cuisinière peine à maintenir droit ces escalopes « taïwan ». Les plus malheureux sont certainement les amateurs de belles cuisses rondes, qui sont parfois les plus nombreux. Quant aux friands d'escalope, ils ont vite compris que depuis le temps qu'il nous raconte des bobards, ce système, après nous avoir vendu des pioches avec des œufs - pour mieux les casser !- finirait bien par nous prendre pour des canards boiteux. Boiteux mais pas bêtes.