Identifié, l'un des deux terroristes abattus par les forces de sécurité à Boumerdès s'avère être un ancien du Front islamique du djihad armé (Fida), une organisation terroriste constituée d'universitaires et qui avait pour cible surtout les intellectuels. Il s'agit de Bellemou Abderrahmane, ancien étudiant à l'ITFC de Ben Aknoun, un jeune d'une trentaine d'années natif de Bouzaréah, à Alger, et qui était sous les ordres de Brahimi, un des derniers chefs du Fida, abattu par les services de sécurité en 1994. Durant cette période, Bellemou rejoint le GIA, alors sous la coupe de Djamel Zitouni, pour le quitter deux années plus tard, pour faire partie du groupe de Hassen Hattab, émir de la zone II (centre-est de la capitale et la région de la Kabylie) pour le GIA, lequel venait d'annoncer sa dissension de l'organisation mère pour créer le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Bellemou restera aux côtés de son chef et arrive à sortir indemne de toutes les crises qui ont secoué le groupe terroriste et dont une bonne partie des dirigeants ont été tués soit par les forces de sécurité, soit lors des liquidations physiques entrant dans le cadre des purges internes. Il active alors au sein de la phalange Guergour, qui sévit dans la région de Boumerdès et qui est responsable, selon nos sources, de la majorité des opérations de racket et de faux barrages. Bellemou était en compagnie d'un autre terroriste, du nom de Chettab Yahia, un de ses anciens compagnons et homme de confiance, puisqu'il était avec lui au sein du GIA, avant de rejoindre le GSPC. Chettab est issu d'une famille dont trois frères sont au maquis, parmi lesquels l'un d'eux est émir d'une phalange. Deux pistolets automatiques ont été récupérés par les services au cours de cette opération, alors que des documents subversifs et des lettres transmises par Droukdel, l'émir du GSPC, à des chefs de seriate (phalanges) ont été également saisis sur Bellemou. De nombreuses interrogations entourent la richesse de la famille par alliance de ce dernier, devenue subitement, vers la fin des années 1990, une des plus riches dans le quartier de Beni Messous. Des villas, des voitures grosses cylindrées haut de gamme, bref des signes ostentatoires de richesse qui n'ont pas laissé indifférents les voisins et proches de cette famille, d'autant que tout le monde sait que Bellemou était spécialiste du racket et des enlèvements en contrepartie de rançons dans la région de Boumerdès et de Tizi Ouzou. Dans cette dernière wilaya, plus précisément à Tala Alam, le dernier rapt d'un homme d'affaires est celui dont a été victime un ressortissant égyptien travaillant pour le compte d'une compagnie de téléphonie. Selon des révélations fournies par des repentis, cette affaire a enfoncé le GSPC dans les graves problèmes auxquels il fait face depuis les attentats du 11 avril dernier et qui ont fait 32 morts et plus de 200 blessés parmi les citoyens. Une grogne interne a suivi ces opérations kamikazes après que les plus grands muftis et importantes références théologiques salafistes ont condamné le recours aux attentats suicide en général et au terrorisme dans un pays musulman en particulier. Cette réprobation est venue y compris du groupe terroriste Houmat daâwa salafiya (HDS), dirigé par Salim Al Afghani, et cantonné dans les monts situés entre Médéa et Aïn Defla, qui dans une lettre adressée à Abou Mosaâb, de son vrai nom Droukdel, émir du GSPC, a dénoncé le recours « aux opérations suicide et au racket des biens des musulmans dans des faux barrages qui sont des actes de gangs criminels (…) similaires à ceux commis par les troupes sanguinaires du GIA ». Ces sévères critiques ont engendré une grave crise au sein de la direction du GSPC, poussant Droukdel à opérer des changements à la tête de nombreuses phalanges, dont celle de la zone II, la plus riche, et la plus importante en ressources humaines et matérielles. Ainsi, Abou Al Haïthem, de son vrai nom Saâdaoui Abdelhamid, qui dirigeait cette zone, a été écarté par son chef, lequel a placé quelqu'un de plus proche pour éviter toute fuite des ressources acquises par la terreur et la mort. Cette méthode diffère totalement de celle utilisée au début par le GSPC et qui consistait à imposer un « impôt islamique » pour les agriculteurs et les commerçants. Ce qui prouve que les sources d'approvisionnement se sont taries après que Mokhtar Belmokhtar, dit Belaouar, émir de la zone 9, englobant le Sahara et la région du Sahel, s'est démarqué de la direction de Droukdel et s'est mis en situation de stand-by dans la perspective de bénéficier des dispositions de la loi sur la réconciliation nationale. Selon les spécialistes, le GSPC s'enfonce chaque jour dans la stratégie meurtrière adoptée par l'organisation mère, le GIA.