Alors qu'on enregistre une nette recrudescence des attentats terroristes, les redditions sont encore au compte-gouttes. Le ramadhan, coïncidant cette année avec l'après-référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale du 29 septembre, n'a pas dérogé à la règle ; on y a enregistré une nette recrudescence des attentats terroristes. Même si le bilan de ces actes terroristes est en nette régression par rapport à ceux enregistrés lors des mois de ramadhan des années 1990 quand la violence atteignait son paroxysme, force est de constater que les terroristes continuent toujours de sévir et des attentats ont été commis dans plusieurs régions depuis le début du mois sacré. On dénombre depuis le 4 octobre près de quatre-vingt morts dans des attentats terroristes et des opérations menées par les forces de sécurité contre les maquis islamistes. Selon ce décompte établi à partir de bilans officiels et d'articles de presse, quelque quarante terroristes ont été tués par les forces de sécurité qui multiplient les opérations dans les zones où les terroristes sont encore en activité. Le reste des victimes étant des civils ou des membres des forces de sécurité, soit près de quarante personnes. Les journées des 17 et 18 octobre ont été les plus meurtrières de ce mois de ramadhan, considéré par les terroristes comme propice au djihad (guerre sainte). Durant ces deux jours, pas moins de vingt personnes ont trouvé la mort dans des attentats perpétrés par des groupes terroristes. Ainsi, le 17 octobre, quatre militaires ont été tués lors d'un accrochage avec un groupe terroriste dans la forêt de Rabta, dans la région de Bouira. Cet accrochage, au cours duquel sept terroristes ont été abattus, s'est produit lorsqu'une unité de l'armée en opération a localisé une vingtaine de terroristes dans ce maquis encore infesté d'éléments du GSPC. à Aïn Bessam, dans cette même wilaya, deux policiers ont été assassinés et un autre blessé, deux jours plus tôt par des terroristes qui ont ouvert le feu sur les trois hommes, alors qu'ils étaient en faction devant deux mosquées voisines où des fidèles accomplissaient la prière du soir après la rupture du jeûne. Profitant de la panique générale provoquée par les coups de feu, les agresseurs se sont enfuis à bord d'un véhicule après s'être emparés de l'arme de l'un des policiers. Le 18 octobre, quatre gardes communaux ont été assassinés dans une embuscade tendue par des terroristes à leur patrouille, à El-Kennar, dans la région de Jijel. Les victimes circulaient à bord d'un véhicule tout-terrain sur une route dans la zone boisée de Bellouta, près d'El-Kennar, lorsqu'elles ont été prises sous un feu nourri de terroristes au nombre indéterminé. Dans cette même région, un membre des groupes de légitime défense (GLD, civil armé) et sa fille ont été assassinés le même jour par des terroristes. à Nedroma, trois personnes ont payé de leur vie leur curiosité qui les a conduites dans une ancienne casemate de terroristes où une bombe artisanale était placée. Ce ramadhan a vu également le retour d'attentats dans les villes comme celui perpétré au cœur de la ville de Médéa le 25 octobre soir lorsqu'un groupe terroriste a attaqué un policier attablé dans un café. Les terroristes ont tiré sur le policier, le blessant mortellement, et tuant un civil. Le policier a réussi à riposter tuant deux des assaillants. La région de Boumerdès, considérée comme fief du GSPC, n'a pas été également été épargnée par les exactions des terroristes au cours de ce mois sacré. Deux personnes ont été assassinées le 25 octobre dans un faux barrage dressé par une vingtaine de terroristes sur une route dans la région de Boumerdès. Les victimes ont été égorgées aux environs de 19h30, alors qu'elles circulaient en voiture à la sortie de Zemmouri, à 15 km à l'est de Boumerdès. Le 30 octobre, un garde communal a été assassiné dans une embuscade tendue en plein jour par des terroristes à Ouled Bentafath, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Boumerdès. La victime circulait, avec son épouse, à bord d'un véhicule aux environs de 13h30 sur une route de montagne lorsqu'elle a été prise sous un feu nourri de terroristes. Un civil a été tué et un autre grièvement blessé lorsqu'un groupe armé a mitraillé, au début de la soirée, un café près de Corso, où un autre civil a été également assassiné le même jour par des terroristes devant son domicile. Ces attaques à la bombe, embuscades et autres faux barrages sont généralement attribués au GSPC qui refuse toute offre de paix du pouvoir. Cette organisation terroriste, seul groupe armé jugé encore capable de nuir après la déroute de son ancien rival, le groupe islamique armé (GIA), quasiment démantelé par les services de sécurité en janvier dernier, a renouvelé son refus deux jours avant le référendum du 29 septembre dans un communiqué publié sur son site internet. “Cette élection est une perte de temps et un gaspillage de l'argent du peuple. L'Algérie n'a pas besoin d'une charte pour la paix et la réconciliation nationale, mais d'une charte pour l'islam”, avait affirmé cette organisation. Le GSPC avait ajouté que le fait que le président Bouteflika “ait demandé au peuple de se prononcer deux fois sur un même projet (allusion à la concorde civile) constitue un aveu de son incapacité à affronter le djihad et à venir à bout des moudjahidine”. Ce communiqué par lequel le GSPC demande à ses éléments de demeurer dans les maquis semble, apparemment, avoir été entendu puisque les membres de cette organisation sont rétifs à l'offre de paix du président Bouteflika. En effet, l'extinction des poursuites judiciaires, promises par cette charte, contre “tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession”, à l'exception de ceux “impliqués dans des massacres collectifs, des viols ou des attentats à l'explosif dans les lieux publics”, semble pour l'instant avoir entraîné que de rares cas de reddition. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, avait affirmé, début septembre, qu'il s'attendait à ce qu'il y ait “deux cents, trois cents, plus... d'islamistes à se rendre dans le cadre de la réconciliation” de M. Bouteflika. “Le plus important est de réduire leurs effectifs. Nous ne nous faisons pas d'illusions, ils ne descendront pas tous du maquis. Il y aura toujours des irréductibles qui ne répondront pas à l'offre de paix”, avait ajouté M. Ouyahia qui avait précisé qu'il y a encore un millier de terroristes en activité en Algérie. R. B.