C'est conclu ! Moins d'un mois après son annonce à Washington par le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, l'accord de coopération dans le domaine du nucléaire civil entre l'Algérie et les Etats-Unis vient d'être établi. Le document a été signé hier à Alger par Fayçal Abbas, secrétaire général du ministère de l'Energie et des Mines, et du côté américain, par William H. Tobey, administrateur adjoint pour la sûreté nucléaire au département américain de l'Energie, en présence du ministre Chakib Khelil et de l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Robert Stephen Ford. La coopération bilatérale concernera essentiellement la formation, l'assistance technique et le lancement de projets en association. La nature des projets sera définie par les deux parties lors d'une prochaine rencontre prévue au courant de ce mois, laquelle regroupera des experts techniques américains et leurs homologues algériens au Commissariat à l'énergie atomique (Comena). Ces projets, dits d'intérêt commun, devraient permettre à l'Algérie de développer son programme nucléaire à usage pacifique. Habituellement, les Américains coopèrent avec d'autres pays partenaires dans le domaine des applications de réacteur de recherches, la radioprotection, la gestion des déchets radioactifs, le contrôle de l'environnement et la gestion de la sécurité. Outre ces axes généraux, les deux parties effectueront le jumelage de laboratoires et échangeront les informations scientifiques et techniques. « L'accord définit les mécanismes de coopération et d'échange d'expériences, de connaissances, de visites d'experts et de spécialistes, mais aussi les moyens de conduire des programmes communs », précise M. Khelil dans un point de presse. Selon lui, les Américains ne viendront pas en Algérie pour contrôler les installations nucléaires. « Ce n'est pas le rôle d'un Etat », soutient-il, affirmant que les deux réacteurs dont dispose l'Algérie à Alger (3 mégawatts) et à Djelfa (15 mégawatts) sont régulièrement contrôlés par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le ministre indique que la coopération avec les States permettra de mettre à niveau l'expertise algérienne, excluant au passage l'éventualité d'installer un autre réacteur nucléaire. M. Khelil réaffirme la création par l'Algérie d'une agence de sûreté et de sécurité nucléaires. Cette agence qui, d'après lui, sera « puissante et autonome » aura des moyens financiers et un personnel qualifié pour assurer une pérennité dans la recherche. Sa mission : contrôler les centres de recherche, l'utilisation des déchets et leur enfouissement et donner son accord pour l'installation de nouvelles centrales nucléaires. Indiquant que la coopération se limite, pour l'instant, uniquement au domaine de la recherche, M. Khelil n'écarte pas la production de l'électricité ou ce qu'on appelle l'électronucléaire à l'avenir. Mais il reste, selon lui, que la priorité dans le domaine de la production de l'électricité est pour le développement d'abord du solaire et de l'éolien. Car, explique-t-il, l'électronucléaire nécessite des financements importants. Les Etats-Unis, faut-il le souligner, ont déjà signé le même accord avec trois pays arabes, à savoir l'Egypte, la Libye et le Maroc. A l'occasion de la signature de cet accord, une délégation d'experts du département américain de l'Energie est en Algérie depuis vendredi pour une visite de travail de six jours. Cette délégation aura à visiter les deux réacteurs de Draria (Alger) et de Aïn Oussara, une fois qu'elle rencontrera les responsables du Comena. En établissant une coopération avec la plus grande puissance du monde, l'Algérie vise selon toute vraisemblance à acquérir la technologie nucléaire en vue de s'assurer un substitut à la ressource énergétique non renouvelable qu'est le pétrole. Mais en même temps, elle tente de rassurer le reste du monde quant à ses desseins en la matière, à savoir l'utilisation uniquement pacifique de l'énergie atomique.