L'ouvrage 50 ans de journalisme africain sera lancé à l'occasion du 9e sommet ordinaire de l'Union africaine (UA) dans la capitale ghanéenne, Accra, qui s'ouvrira le 3 juillet et qui devra entériner l'année 2008 comme « année des médias et de la liberté d'expression en Afrique ». Une journée de cette prochaine année sera également instituée « journée des médias africains ». Ce travail de bilan et de perspective est édité par le Forum des éditeurs africains et les ONG de journalisme basées en Afrique du Sud, Highway Africa et Media Foundation for West Africa. L'ouvrage en question s'articule autour d'un bilan complet et précis des avancées des médias du continent, mais aussi des entraves diverses – lois liberticides, violences, sources de financement – qui jalonnent le dur et long chemin de la liberté d'expression en Afrique. Plusieurs médias africains et des hommes de presse, figures du combat pour une parole libre, sont présentés dans cet ouvrage de référence. Pour la région Afrique du Nord, le zoom est centré sur le directeur de la publication d'El Watan – cité comme le 50e journal d'influence de par le monde – Omar Belhouchet. Laïd Zaghlami, journaliste et universitaire algérien, a expliqué, dans son introduction au chapitre « Afrique du Nord », les évolutions des médias en Egypte, en Libye, au Maroc, en Tunisie et en Algérie en concluant sur les nouveaux défis qui attendent les médias de cette région du monde face au développement d'internet et des télévisions satellitaires, notamment du Moyen-Orient. L'illustration du combat exemplaire pour le professionnalisme et la liberté de la presse d'Afrique du Nord a été donc le quotidien El Watan à travers le parcours de Omar Belhouchet qui se confond avec les aléas et les acquis de la presse en Algérie. Cible d'attentats terroristes par deux fois, harcelé par la justice, menacé par les imprimeurs d'Etat et confronté aux étaux divers improvisés par un pouvoir liberticide, Omar Belhouchet reflète bien l'image d'une presse aux premières lignes du combat pour la liberté et la citoyenneté. Titulaire de plusieurs prix, dont celui de « héros de la liberté de la presse », décerné par International Press Institute en 2000 et Plume d'or en 1994 (distinction de l'Association mondiale des journaux pour honorer des défenseurs de la liberté de la presse), le directeur d'El Watan a toujours vécu ces honneurs comme un hommage à tous les hommes des médias algériens pris entre les feux assassins et les pressions étatiques. M. Belhouchet venait justement d'assister au congrès mondial de l'Association mondiale des journaux (AMJ) et du Forum mondial des éditeurs au Cap en Afrique du Sud. Pendant les cinq premiers mois de l'année, 103 journalistes ont été arrêtés et/ou emprisonnés dans 26 pays africains au nom de lois que ces deux associations qualifient de « principal fléau pour la liberté de la presse sur le continent ». L'AMJ et le Forum demandent « l'abolition d'urgence » de ces lois et exhortent l'UA à « inclure immédiatement » la liberté de la presse dans les critères de bonne gouvernance du mécanisme africain de contrôle (APRM), système d'évaluation des pays africains par leurs pairs qui ne comporte aucune référence aux médias. Le congrès mondial de la presse dénonce les « autres formes de répression » des médias africains, qui passent aussi par la pression fiscale ou la suppression des annonces publicitaires. Autant de défis qui attendent l'ensemble des médias en Afrique.