La toute dernière sortie du wali d'Annaba, des membres de son exécutif et des élus de l'APW et des communes a été instructive. A l'ordre du jour, le secteur des mines et de l'énergie ainsi que la distribution du gaz de ville. Le wali n'a pas manqué de s'attarder à El Bouni pour s'inquiéter de la situation des habitants. Parce qu'ils n'ont pas pris en compte cet aspect de la visite de travail, le chef de la daïra et le P/APC d'El Bouni ont eu à entendre les grincements de dents de Brahim Benghayou, wali d'Annaba. Ils ont eu aussi à enregistrer une sérieuse mise en garde pour une plus grande rigueur dans l'hygiène et la salubrité publique de cette grande cité. Avec ses 160 000 habitants, El Bouni est considérée comme étant l'une des communes chef-lieu de daïra suburbaine des plus importantes d'Algérie. La réaction du wali serait motivée par la multitude de plaintes que ses services réceptionnent quotidiennement. Ces plaintes ont été relayées par des médias locaux et nationaux. D'une certaine manière, il s'agissait d'un réel déferlement de dénonciations d'une situation de régression socioéconomique à El Bouni. Le développement local y est au point mort. La situation est aggravée par l'abandon total caractérisant les plus importants abattoirs d'Algérie et le marché de gros des fruits et légumes. Facteur d'espoir lors de son inauguration pour une amélioration de l'environnement social de cette zone, la minoterie, en faillite depuis des années, s'est transformée en refuge pour ceux qui des problèmes avec la loi et l'ordre. A El Bouni, la délinquance a repris du poil de la bête. Elle fait quotidiennement parler d'elle à travers la multiplication des vols et des agressions. Les dépotoirs anarchiques se sont multipliés. La saleté s'est transformée en compagnon de tous les jours des habitants. Les routes poussiéreuses défoncées donnent une image d'une ville livrée à l'abandon. Le trop-plein de cette misère a été matérialisé ce dimanche. On a découvert que la majorité de la population de El Bouni vit sous le seuil de la pauvreté. Bouzaroura, Sotramest, Sarouel, 1er Mai, Oued Nil, Boukhadra… tant de localités et cités où des familles n'ont aucune ressource de vie. Cette situation de déchéance est particulièrement visible à la cité Bouzaroura : « Nous sommes tous des pères de famille, au chômage depuis des années. D'autres activant actuellement à Ferrovial devraient nous rejoindre incessamment, parce que leur entreprise est en crise. Nous demandons du travail pour nous permettre de vivre décemment. Nous n'avons même pas de quoi acheter un litre de lait pour nos enfants et on nous demande de payer 10 000 DA de droit pour le branchement du gaz. Même en nous facilitant le paiement, nous ne pouvons pas le faire », ont affirmé plusieurs habitants de cette cité. Ils avaient été sollicités pour livrer leurs impressions sur l'arrivée du gaz de ville. Sur les 184 familles qui y vivent, seules 54 ont pu régler un quart des 10 000 DA représentant les droits de raccordement de Sonelgaz.