Le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNRPAH), en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Tipaza, a réussi à regrouper des chercheurs et universitaires, venus de diverses universités du bassin méditerranéen, pour débattre sur la conservation et la réhabilitation des centres historiques. Cette rencontre, qui entre dans le cadre de la célébration de la manifestation, Alger, capitale de la culture arabe, se veut d'abord un espace d'échange des résultats des expériences entre les scientifiques algériens et leurs homologues des pays du Maghreb, du Machrek et de l'Europe, qu'ils ont menées sur les sites historiques. Il s'agit de trouver des réponses à plusieurs interrogations. « Le patrimoine culturel dont nous héritons est-il différent de celui que nous léguons aux générations futures ? », s'interroge Valérie Amram de l'université de Las Palmas. A l'heure actuelle, le patrimoine n'arrive toujours pas à se faire classer ni à persuader les gens pour qu'ils cessent de le dégrader. Abderrahim Hafiane, architecte et urbaniste de Annaba, met l'accent sur son expérience menée entre 2000 et 2005, pour la sauvegarde d'une médina, dans le cadre de la préservation d'un héritage architectural et urbain, mais surtout son inscription dans une perspective de développement. L'Egyptienne Hanaa Farid insiste sur le lien entre les programmes scolaires et la préservation des centres historiques. Le lien symbolique entre le présent et le passé ne doit en aucune manière être rompu. S'approprier ce passé vital dès son jeune âge, c'est bâtir et forger une culture et une identité patrimoniales. Hassan Ramou du Centre des études historiques et environnementales de Rabat (Maroc) parle de l'expérience dans la mise en valeur et la réintégration de la dimension locale amazighe au nom de la reconnaissance de la diversité culturelle du pays, en faisant référence aux civilisations passées dans ce territoire. Filipe Lopes interviendra sur la réhabilitation urbaine à Lisbonne (Portugal). Pour mettre en place le mécanisme de la réhabilitation urbaine, la municipalité a installé, dans chaque quartier, un atelier qui constitue un élément d'intervention. D'ailleurs, la réhabilitation urbaine, pratiquée dans la capitale portugaise jusqu'en 2000, concilie la défense des valeurs patrimoniales et les besoins actuels de confort, en allant dans le sens de l'évolution sociale, tout en préservant l'identité culturelle et en permettant des interventions d'une manière plus écologique. Les habitants des quartiers ont été totalement impliqués dans la réhabilitation de leurs quartiers. La conception de la notion du patrimoine, durant ces dernières années, consiste à réveiller les consciences de chaque intervenant dans les aménagements, afin de mieux protéger les environnements urbains et ruraux, pour préserver et réhabiliter leurs cultures, au sens le plus large. Le CNRPAH, à travers ce colloque international, veut contribuer à la restauration, la préservation et l'exploitation des centres historiques, ces mémoires, car la mise en valeur de leur authenticité illustre leur véritable potentiel touristique. Le cas de l'Algérie est édifiant. Les chercheurs, réunis au centre Grand Bleu du Chenoua à Tipaza depuis le 26 juin et ce jusqu'à demain, aborderont sans aucun doute tous les aspects inhérents à la préservation et la réhabilitation des patrimoines matériels et immatériels. Notons que la cérémonie d'ouverture de ce colloque international s'est déroulée en présence du wali de Tipaza et des autorités locales.