Près d'une année après la guerre contre le Liban, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a regretté qu'un cessez-le-feu permanent n'ait pu être conclu entre Israël et le Liban. Constat établi à l'occasion de la publication du quatrième rapport d'étape concernant la résolution 1701 qui a mis fin à l'agression israélienne le 14 août 2007 après 34 jours d'acharnement militaire. Citant les entraves à l'application de la 1701, le SG de l'ONU s'attarde sur la question des prisonniers de guerre, l'embargo sur les armes et la hausse des violations israéliennes de l'espace aérien et terrestre libanais. Il a souligné le danger d'une aggravation de la situation le long de la « ligne bleue » qui sépare l'Etat juif du Sud Liban après les attaques aux roquettes contre le nord d'Israël le 17 juin dernier et revendiquées par les mystérieuses « brigades Badr - branche Liban », un groupe inconnu. La mort de six soldats espagnols le 24 juin dans une attaque à la voiture piégée contre une patrouille de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul, 14 000 hommes, 29 nationalités) a été citée au chapitre des menaces contre les forces internationales au Sud Liban. « Une fois l'enquête sur l'incident du 24 juin conclue, les mesures de sécurité seront réajustées en vue de minimiser l'éventualité de pareils incidents à l'avenir », a écrit Ban Ki-moon dans son rapport. A ce chapitre justement, le secrétaire général de l'ONU énumère les menaces reçues par la Finul de la part de groupes intégristes — apparus l'an dernier d'obédience salafiste — ainsi que le statut ambigu des fermes de Chebaâ occupées par Israël au Sud Liban. L'ancien SG de l'ONU, Kofi Annan, avait proposé une mise sous tutelle onusien de ce petit territoire. Mais les choses semblent traîner. Les Syriens disent qu'il s'agit d'un territoire libanais, Beyrouth soutient qu'il s'agit d'une enclave syrienne. Un problème de cartographie — soutient Ban Ki-moon — qui bloque réellement plusieurs processus de discussions dans la région. L'autre menace reste les incursions israéliennes au nez et à la barbe de la Finul. Des violations qui ont atteint environ 35 survols quotidiens des terres libanaises. « Outre leur opposition aux critères essentiels requis pour une application totale des dispositions de la résolution 1701, les survols israéliens constituent non seulement des violations répétées de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité dont celle-là, mais ils sapent également la crédibilité de la Finul et de l'armée libanaise aux yeux de la population locale, ayant par conséquent un effet négatif sur les efforts de stabilisation de la situation sur le terrain », a estimé le SG de l'ONU dans son rapport. Le même document attire l'attention sur le village frontalier d'Al Ghadjar — près des frontières syro-libanaises — toujours occupé par les troupes israéliennes. A côté de ces menaces de déstabilisation du front israélo-libanais, le rapport de Ban Ki-moon évoque la pénétration au Liban, depuis le début des affrontements avec Fatah El Islam, des éléments de Fatah El Intifadha et du Front populaire pour la libération de la Palestine - commandement général (FPLP-CG), organisations prosyriennes. En fait, ce sont ces factions difficiles à cerner qui posent plus de problèmes que le Hezbollah qui s'est arrangé à se retirer militairement du Sud Liban, mais tout en fortifiant ses positions dans la plaine occidentale de la Beqaâ. Par ailleurs, le rapport onusien insiste sur les problèmes de politique interne au Liban citant le duel entre l'opposition — menée par les Chrétiens de Michel Aoun et le Hezbollah — et le gouvernement prooccidental du Premier ministre Siniora. Mais Ban Ki-moon fait l'impasse sur la création — sous le chapitre 7 des Nations unies — du tribunal Hariri, jugée par plusieurs observateurs comme une atteinte à la souveraineté libanaise et une source de tension aux conséquences dangereuses. En somme, le rapport de Ban Ki-moon omet totalement les véritables facteurs de la crise actuelle : l'occupation israélienne et les méfaits de l'agression de l'été dernier.