Le Hezbollah descend en flammes le dernier rapport des Nations unies sur le Liban qui « soulève des questions quant à la crédibilité des organisations internationales qui fondent leurs communiqués officiels sur des informations trompeuses et montées de toutes pièces, provenant de sources obscures». Hassan Nasrallah, Saâd Harir, le Premier ministre et le général Michel Aoun accusent M. Roed-Larsen et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, d'ingérence dans les «affaires internes libanaises» pour «couvrir les agressions contre les pays voisins d'Israël» et d'amplifier sans raison le tintamarre américain sur les Scud, capables d'atteindre les grandes villes israéliennes. Hariri a démenti hier que la Syrie ait livré des missiles Scud au Hezbollah. «Ces accusations rappellent les allégations concernant les armes de destruction massive de Saddam Hussein : elles n'ont jamais été découvertes, elles n'existaient pas», dit-il dans une interview publiée par le quotidien italien La Stampa. Comme beaucoup de Libanais, il soupçonne Israël qui cherche un prétexte pour agresser le Liban de vouloir «reproduire le même scénario». Le Hezbollah «n'est pas une milice telle que le décrivent les Nations unies mais représente la résistance libanaise qui défend son territoire», affirme le mouvement de Hassan Nasrallah. Selon le rapporteur des Nations unies, «des milices libanaises et non-libanaises continuent à opérer dans le pays hors du contrôle du gouvernement, en violation sérieuse» de la résolution 1959 du Conseil de sécurité et le Hezbollah qu'il invite à se transformer en « parti politique » possède un arsenal qui constitue «un défi clé pour la sécurité des civils libanais et l'autorité du gouvernement». Sans aller jusqu'à s'aligner sur Israël qui pour « préparer le terrain à une éventuelle agression » du pays du Cèdre, accuse le Hezbollah de posséder des missiles Scud, le rapporteur onusien laisse entendre qu'il dispose d'informations corroborant «les allégations de contrebande d'armes à travers les frontières» libanaises. Pour le Hezbollah, ce 11e rapport qui exige le désarmement de tous les groupes armés au Liban et «qui ne dénonce pas les violations israéliennes quotidiennes de la souveraineté libanaise », est au mieux une «tentative de déclencher des tensions confessionnelles », au pire, une volonté d'imposer une tutelle flagrante sur le pays. Au lendemain de la convocation «pour répondre des actes de provocation de la Syrie concernant le possible transfert d'armes au Hezbollah» de l'ambassadeur de Syrie au département d'Etat, Washington tient un double discours. «Nous n'avons pas encore formé un jugement sur le fait de savoir si un transfert a eu lieu ou non», déclare Philip Crowley, porte-parole du Département d'Etat, affirmant que Washington enquête toujours sur «les allégations » israéliennes au sujet de la livraison de Scud au Hezbollah par la Syrie. Allégations que la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui préside la commission du Renseignement du Sénat américain qualifie de «hautement probables» et de «véritable danger pour Israël» car ces missiles d'une portée de 700 km, pourraient modifier l'équilibre des forces dans la région en renforçant la dissuasion du mouvement libanais qui a déjà plus de 40 000 roquettes, dont certaines capables d'atteindre El Qods, Tel-Aviv et les sites nucléaires de l'Etat hébreu. Les Etats-Unis, qui ont affirmé à plusieurs reprises qu'ils veulent à tout prix éviter une nouvelle guerre au Proche-Orient, auraient-ils changé d'avis ? En se déclarant «de plus en plus inquiets» de cet éventuel transfert qui ferait peser «un risque important» sur le Liban, ils ont quasiment donné le feu vert à Israël pour frapper Beyrouth. Tous les ingrédients d'une nouvelle confrontation entre le Hezbollah et l'Etat hébreu sont réunis selon les analystes. L'Espagne qui assure la présidence tournante de l'Union européenne et qui se prépare à accueillir en juin le 2e sommet de l'Union pour la Méditerranée, tente de calmer les esprits. Elle demande à Israël d'assortir ses accusations de preuves. «A ma connaissance, il n'existe pas de preuves sur la livraison de Scud au Hezbollah», affirme l'ambassadeur d'Espagne au Liban, Juan Carlos Gafo.