C'est un investisseur exaspéré et révolté que nous avons reçu dans notre bureau en compagnie de sa femme : un couple solidaire qui ne compte nullement baisser les bras et lâcher prise. Depuis bientôt deux décennies, un investisseur, installé dans la commune de Sidi Marouf, dans la wilaya de Jijel, peine à concrétiser son projet de relais routier comprenant une station-service et un motel. L'investisseur Messaoud Tigha a formulé sa première demande à l'APC de Sidi Marouf en octobre 1987. Dès lors, il s'est engouffré dans un méandre administratif dont, en dépit des slaloms qu'il a dû effectuer, il n'a pas encore pu entrevoir le bout du tunnel. Fort d'un arrêté de wilaya daté du 3 juin 1989, portant réservation d'une assiette foncière de 6000 m2, propriété de l'Etat au profit de M. Tigha, consécutivement à l'enquête foncière du site d'implantation du projet par les services du cadastre, ce dernier recevra l'acte de vente n° 98/91, établi par l'inspection divisionnaire des affaires domaniales et foncières de la wilaya de Jijel en septembre 1991. C'est à partir de ce moment que les choses commencent à se compliquer pour cet investisseur. En effet, un autre citoyen a empiété sur la parcelle réservée à l'investisseur et y a entamé des travaux pour réaliser une construction. Excédé, l'investisseur a introduit une action en référé pour arrêter les travaux en cours sur son terrain. Entre-temps, M. Tigha a introduit une demande pour un permis de construire qu'il aura en février 1994. Cette affaire traînera une décennie durant, poussant l'investisseur à se consacrer exclusivement à des problèmes qui l'empêchent d'ériger ne serait-ce qu'une brique de son projet de relais routier. La dégradation de la situation sécuritaire n'arrangera nullement les affaires de l'investisseur qui, après avoir installé son chantier, arrêtera les travaux par la suite. Mais les déboires de cet investisseur ne restent pas uniquement confinés dans le seul empiétement qui l'oppose à un autre citoyen. Puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, M. Tigha s'est retrouvé en train de combattre deux fronts avec la sortie inattendue des services des Domaines, remettant en cause l'origine domaniale du terrain vendu à l'investisseur. Forcé d'introduire une seconde demande pour renouveler le permis de construire après les changements réglementaires intervenus consécutivement au tremblement de terre ayant affecté la wilaya de Boumerdès en 2003, la direction de l'urbanisme et de la construction, se basant sur l'avis de la direction des Domaines, émettra un avis défavorable. La lettre n° 6084 du 17 juin 2006, émanant de la direction des domaines, énonce que l'assiette de terrain vendue par ces mêmes services à M. Tigha n'appartient pas aux domaines mais à un privé, et que l'affaire est pendante devant la justice. Une réponse qui équivaut à un retour à la case départ pour l'investisseur. Le même directeur écrira à l'intéressé en date du 27 février 2007, pour l'informer que l'enquête foncière est toujours en cours et qu'il sera informé dès l'achèvement de cette opération ! C'est assurément une situation abracadabrante que vit l'investisseur Tigha. Dans une lettre, datée du 10 janvier dernier, adressée au wali de Jijel, M. Tigha informe ce dernier qu'il détient un jugement définitif rendu par la cour de Jijel contre la personne qui a empiété sur son terrain et lui demande d'intervenir et de prendre toutes les mesures réglementaires pour régler sa situation afin de lui permettre de renouveler son permis de construire.