La population du village Icharidène (34 km à l'est de Tizi Ouzou), dans la localité d'Aït Aggouacha, (Larbâa Nath Irathen) continue à vivre le phénomène de l'exode. Le spectre du terrorisme plane toujours. Le cadre de vie ne cesse de se dégrader aussi. L'anxiété est toujours palpable. Elle est montée de plusieurs crans au lendemain de la dernière attaque terroriste qui a ciblé un barrage militaire dressé sur la route nationale. En effet, le drame s'est déroulé sur la RN15, reliant la localité de Aïn El Hammam à Larbâa Nath Irathen, près dudit village. Sur la piste qui mène jusqu'au sommet, les riverains appréhendent tout étranger. Chez les quelques vieilles personnes rencontrées sur la placette du village, le ton est à la lassitude. Les ruelles et les artères du village sont désertes, en cette matinée de la fin juin. Les enfants sont aussi méfiants. « Où allez-vous ? Qui cherchez-vous… ? », a questionné un garçon d'à peine 14 ans. Pas étonnant, lorsqu'on sait que le même village était sujet à des visites des plus hostiles, faisant allusion aux terroristes qui transitent par les maquis avoisinants. C'était la cause principale qui a fait fuir de nombreuses familles vers les zones urbaines. En plus de la situation sécuritaire tendue, le cadre de vie n'est point reluisant. Autrefois, le village était connu pour la culture du cerisier, de l'olivier et l'élevage. Aujourd'hui, ces activités sont réduites à un simple jardinage de proximité. « Les champs sont hantés. Les maladies des arbres et les feux de forêt n'ont rien laissé. Mais, il faut dire aussi que nous avons eu aucun encouragement de la part des autorités », dit un septuagénaire. La nouveauté est cette salle de soins qui fournit une seule consultation médicale par semaine. Ne disposant pas d'une ambulance, les évacuations posent problème, de jour comme de nuit. Dans ce village historique, qui a abrité le quartier général de l'héroïne Lalla Fatma N'Soumer (1857), un monument érigé du temps du maréchal Rondon en 1871 est laissé à l'abandon. Il est dressé sur l'accotement, au tournant d'un virage, à l'entrée du village. Pour certains témoins de la Révolution, il constitue une preuve, une trace du passé colonial. Sur le même chapitre, les démarches entreprises par des villageois, en vue d'exhumer et de réinhumer les ossements des moudjahidine tombés au champ d'honneur entre 1830 et 1871, tarde à voir le jour. Les pouvoirs publics doivent consentir plus de moyens pour assurer la sécurité des biens et des personnes, relancer l'activité économique dans toute la région afin de redonner vie à l'ensemble de la localité et freiner un tant soit peu l'exode des populations.