C'est l'expression à la mode, « hada oua la ktar », que l'on peut traduire par un approximatif « c'est mieux que si c'était pire ». Pourtant, l'idée n'est pas approximative ; en ce 45e anniversaire de l'indépendance, c'est ce que tout le monde, ou presque, pense de la situation, l'Algérie a globalement raté son développement. Mais à l'inverse, elle a aussi raté son sous-développement, qui au moins aurait fait d'elle une terre pauvre, mais heureuse. Elle se situe dans cet entre-deux mortel, là où l'absence de projet est un projet. L'Algérie n'est pas l'Espagne, pourtant dotée des mêmes capacités, et elle n'est pas pour autant la Guinée, où les pauvres, femmes et hommes, écoutent en maillot de bain de la musique sur les plages jusque tard dans la nuit. C'est mieux que pire. Le pire ? Tout le monde le connaît pour l'avoir vécu. Le pire, c'est pendant que des groupes terroristes déciment les populations sans défense, des armées de cadres installés dans les rouages de l'Etat pillent les caisses publiques, jetant quelques os aux survivants des massacres. Le pire est donc derrière, mais reste une référence incontournable, et c'est là où se freinent toutes les ambitions. Il suffit que le Président amène une paix relative avec lui pour qu'il soit encensé comme un prix Nobel. Il suffit d'un peu de pluie, de lait subventionné, d'une accalmie sur le front terroriste ou d'une nouvelle trémie fleurie pour que le moins pire devienne le meilleur. L'Algérie mérite-t-elle mieux que de ne pas mourir ? Oui, elle mérite au moins de bien vivre. Ce qui n'est pas à l'ordre du jour, les islamistes tuent autant de libertés de consciences, sociales et culturelles que le régime n'en tue de politiques, économiques, médiatiques et syndicales. Le résultat ressemble à un gros match nul. 45 ans de prison ferme. A quand l'amnistie ? C'est ce que devrait décréter le gouvernement.