Des dizaines de travailleurs se sont regroupés samedi et dimanche devant le bloc administratif du complexe lainier LASA, pour exiger le départ de l'actuel PDG, tenu pour responsable de la dégradation de la situation socioprofessionnelle des travailleurs, selon la version de leurs représentants. D'autres ont reproché à leur premier responsable le manque de concertation, alors qu'un troisième interlocuteur a critiqué la gestion technique de l'entreprise. De son côté, le PDG M.Rezaïguia, a fustigé ce mouvement de protestation le classant dans le sillage d'une campagne de liquidation des entreprises publiques orchestrée, a-t-il expliqué, par des milieux cernés par les responsables à tous les niveaux. Quelques minutes après le passage de deux membres de l'union de wilaya de l'UGTA, les contestataires ont forcé le responsable de l'usine à quitter les lieux sous une avalanche de propos injurieux. Il est à rappeler que le complexe lainier LASA traverse depuis 2005 une zone de turbulences, provoquée d'abord par un conflit syndico-syndical entre une minorité représentée par l'ex-section syndicale épaulée par l'UGTA, et une majorité proche du directeur et révoltée contre cette instance. Des batailles rangées entre les deux camps ont abouti quelques mois après, à une démission de 388 employés sur 400 des rangs de l'organisation. Soupçonnant le PDG d'avoir entrepris des négociations avec l'union de wilaya, notamment avec le membre chargé de l'organique durant une période marquée par des sanctions infligées à quelques employés, des retards dans les paiements, et une froideur dans les relations avec le personnel, un noyau frondeur rallié par des mécontents a opté pour une adhésion-sanction à l'UGTA pour court-circuiter une relation allant à contresens du choix des travailleurs. Suivra l'ambivalence coutumière du discours de cette instance, et une présence imperceptible dans un sens comme dans un autre. Nous venons d'apprendre qu'une commission sera dépêchée incessamment depuis Alger par les responsables du groupe industriel Texmaco. « Autorité » de l'invective Exiger le départ d'un responsable pour une raison ou une autre, est une chose. Proférer des propos injurieux à son encontre, le bousculer et le soumettre aux pires supplices moraux, le vouer aux gémonies après services rendus, en est une autre. Quelle que soit l'origine du conflit opposant les travailleurs de LASA à leur directeur, rien ne peut justifier l'invective et la violence verbale, s'agissant de surcroît, d'un collègue de travail, promu directeur avec la bénédiction du syndicat. L'exercice du droit syndical sous « l'autorité » de l'UGTA est en mal de repères en Algérie. Et c'est là toute la tragédie morale du monde du travail dans notre pays.