Quand les erreurs de conception se conjuguent aux défauts de réalisation (c'est l'intitulé même de l'exposé), cela débouche sur un état des lieux des plus alarmants. Les images projetées à l'occasion des portes ouvertes organisées hier par l'OPGI au CIAJ autour de son patrimoine immobilier ainsi que les commentaires qui les accompagnaient laissaient sans voix ! Certains quartiers de nos villes ne sont pas seulement d'une laideur et d'une saleté repoussantes, ils présentent souvent des dégradations qui peuvent mettre la vie des citoyens en danger, telles ces terrasses ou ces toitures en tuiles à Haïzer, El Esnam, Aghbalou ou Aït Laâziz dans un état de dégradation inquiétant. Les façades décrépites aux fenêtres équipées de grilles inesthétiques, leur peinture dégradée par les eaux usées et pluviales dénotent un état d'abandon effarant. Mettant en cause l'absence de civisme et de culture citoyenne, le DUC incriminait du reste la précipitation dans la réalisation et également un manque de savoir-faire flagrant chez les réalisateurs qui n'ont, chez certains d'entre eux, de qualification que sur des papiers falsifiés. Les portes d'entrée, trop basses pour une personne de taille au-dessus de la moyenne (image à l'appui), les câbles torsadés qui ceinturent les bâtiments de façon fantaisiste, l'implantation anarchique des postes transformateurs, tels que la projection les a montrés dans plusieurs localités de la wilaya, ont fait bondir le même responsable du secteur qui dénonçait le bricolage de Sonelgaz définie par lui comme un prestataire de services devant se plier aux exigences de sécurité et d'esthétique. « C'est une catastrophe », s'est-il écrié à ce sujet.Une impression partagée entièrement par les représentants du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme présents à cette journée, notamment par l'ancien DUC, sous-directeur actuellement au même département.Au regard de quoi, l'actuel responsable de la direction de l'urbanisme et de la construction a fait savoir à l'assistance que pour mener à bien son vaste programme d'amélioration urbaine doté de 364 milliards, il faudrait 700 entreprises et 240 bureaux d'études. Vaste programme entrepris en faisant souvent appel à des entreprises d'autres wilayas pour combler le déficit.Les débats réglés par le responsable de l'OPGI ont été tout aussi fructueux. « Greffer du neuf sur du vieux » L'idée, à forte connotation sociale, est en train de faire son chemin en Algérie. Germée aux Etats-Unis avant de faire florès en Allemagne où elle est pratiquée depuis 10 ans, selon son promoteur qui l'exposait avant-hier lors des portes ouvertes organisées par l'OPGI, elle a été dernièrement expérimentée à la cité des Amandiers à Oran. En quoi consiste t-elle ? Elle est résumée admirablement par le chargé de la préservation du patrimoine immobilier au ministère de l'Habitat et de la Construction : greffer du neuf sur du vieux. En termes plus novices : réaménager les intérieurs des logements pour obtenir plus d'espace tout en conservant les structures intactes. Ainsi, par exemple, on peut transformer un F2 en F3 en s'attaquant à la cuisine au salon et à la salle de bains. L'opération peut être menée dans la matinée et interrompue l'après-midi afin de permettre à la famille qui occupe le logement ciblé de le réintégrer. Elle associe l'APC, la DUC, l'OPGI, du niveau 1 et Sonelgaz, la DLEP, la DTP, le BET, au niveau 2, sans omettre les locataires, les premiers concernés. Pour l'heure, l'idée, qui s'est déjà concrétisée sous forme de 300 logements rénovés, se poursuivra à l'échelle nationale à titre expérimental avec 14 projets pilotes. A Béchar, elle cible 8 blocs. Elle sera expérimentée prochainement à Bouira, également sous forme d'un projet pilote. L'aménagement d'espaces verts fait également partie de ce vaste programme financé par les prélèvements effectués sur les loyers au niveau des wilayas et sur les enveloppes allouées dans le cadre de l'amélioration urbaine. C'est un projet de coopération technique algéro- allemande.