L'euro a franchi hier, pour la première fois depuis sa création, 1,38 dollar sur le marché des changes, face à un billet vert miné par les perspectives de l'économie américaine. La devise européenne s'est hissée jusqu'à 1,3812 dollar, enregistrant ainsi un nouveau record historique. Le billet vert a reculé toute la semaine en raison des inquiétudes que suscite l'économie américaine, et la dernière impulsion de l'euro est venue du chiffre des ventes de détails américaines en juin, publiées vendredi dernier par le département du commerce. L'euro avait également battu en matinée un nouveau record face au yen à 168,95 yens. Ces nouveaux pics devraient toucher les importations algériennes dont le coût va connaître une hausse si la tendance actuelle de la baisse de la valeur du dollar par rapport à la monnaie européenne se poursuivait. L'Algérie, qui achète en euros et vend en dollars, importe ses marchandises à hauteur de 50% de l'Union européenne. Les produits qui risquent d'être touchés seront en particulier les médicaments et les véhicules, essentiellement achetés en Europe. Les retombées de cette hausse de l'euro, si elle devait bien entendu durer dans le temps, seraient inévitablement ressenties par les consommateurs, puisque les opérateurs répercuteront la hausse sur les prix des marchandises achetées en Europe. Le consommateur algérien constatera ainsi une certaine augmentation des prix des produits de provenance d'Europe, même si les importations à partir de la zone dollar sont en train de progresser. Les seuls produits qui seront épargnés sont ceux dont l'achat est fait à partir de Chine. Quant aux producteurs algériens, le problème se pose également pour les matières premières. L'importation de tous les intrants de fait de la zone euro qui est proche de l'Algérie et avec laquelle les opérateurs économiques ont des traditions commerciales. Selon les analystes, cette hausse de l'euro devrait alimenter, en Europe, le débat sur la vigueur de la monnaie unique, déplorée par la France qui craint pour ses exportations et sa croissance, mais relativisée, sinon saluée, par ses partenaires européens. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, a encore estimé, hier à Bruxelles, que la montée de l'euro face au yen et au dollar n'avait « pas un impact énorme » sur l'économie des 13 pays qui l'ont adoptée. « Nos exportations résistent bien », a-t-il estimé. « Dans le contexte actuel, le seuil psychologique de 1,40 dollar pourrait être en vue d'ici deux à trois semaines », a estimé Gavin Friend, économiste à la Commerzbank, à Londres.