La dégringolade du dollar relance le débat sur le contrôle des marchés des produits dérivés. Au-delà de toute la littérature qui a marqué ces dernière semaines le paysage médiatique et qui a mis en avant le nécessaire contrôle des marchés des matières premières, la déconfiture du dollar réoriente le débat à propos de la régulation du marché des changes. Dans ce sens, le milliardaire George Soros a estimé, jeudi, que la situation sur le marché des devises était "chargée de danger" et que le monde avait besoin d'une régulation. Soros, qui a gagné un milliard de dollars en 1992 en pariant contre la livre sterling, a estimé que la mondialisation des marchés financiers était construite sur un postulat "erroné" selon lequel les marchés financiers peuvent être livrés à eux-mêmes pour fonctionner. Pour le célèbre financier, une régulation mondiale est nécessaire. Le dollar a atteint un nouveau plus bas de 14 mois contre l'euro, vendredi ,se rapprochant de 1,50 dollar pour un euro. En effet, Le dollar vacille. Les cambistes ont, en effet, fait voler en éclats le précédent record annuel de l'euro à 1.4844, pour hisser la monnaie unique, en pleine confiance, sur des niveaux inédits face au billet vert depuis le 21 août 2008. Jeudi, l'euro refluait face au dollar, cotant 1,4929 dollar contre 1,4922 dollar mercredi vers 21H00 GMT. A O6H15 GMT, la monnaie unique avait grimpé jusqu'à 1,4968 dollar, son meilleur niveau en 14 mois face au dollar. L'euro gagnait également du terrain face au yen à 135,06 yens contre 133,22 yens la veille au soir. Face à la devise nippone, le billet vert montait, à 90,59 yens contre 89,40 yens mercredi soir. Après avoir marqué une pause en milieu d'échanges européens, la monnaie unique retrouvait de l'élan. Les très bons résultats de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, le ralentissement du chômage américain (les nouvelles inscriptions au chômage, qui ont baissé plus que prévu), et une nouvelle progression de l'activité manufacturière autour de Philadelphie (Nord-Est des Etats-Unis) soutiennent l'optimisme général des marchés, favorisant l'euro et les marchés d'actions. La monnaie unique confirmait ainsi ses gains de la veille, engrangés à la faveur d'une vague générale d'euphorie sur les marchés financiers, avec de bons résultats d'entreprise aux Etats-Unis (Intel et JP Morgan mercredi), une envolée de l'indice Dow Jones au dessus de 10'000 points, et des records sur les prix des matières premières. Le regain de confiance des investisseurs favorise les monnaies aux rendements plus élevés, au détriment des valeurs refuge comme le dollar ou le yen. Le billet vert souffre, par ailleurs, de la perspective d'un maintien pour une longue période des taux américains à des niveaux historiquement bas. Lors de leur réunion des 22 et 23 septembre, dont les minutes ont été publiées mercredi, les membres du Comité de politique monétaire de la Fed ont estimé que le niveau des prix et de l'activité devrait justifier le maintien du taux directeur, abaissé à quasi-zéro en décembre, à un niveau extrêmement bas pendant longtemps. La dégringolade du dollar a fait dire à Mannus Cranny, analyste chez MF Global que "le dollar présente tous les symptômes d'un patient mûr pour une opération à coeur ouvert". Pour la zone euro, l'optimisme a été nourri aussi par un pronostic encourageant en Allemange. La première économie européenne affichera une croissance de 1,2% en 2010, après une récession historique de 5% cette année, et échappera au pire sur le front du chômage, selon les grands instituts économiques du pays, bien plus optimistes qu'il y a six mois. Isma B.