Situé dans la commune de Bachedjarah, le tunnel de Oued Ouchaïah est emprunté chaque jour par des milliers d'automobilistes. Il a été réalisé, déclare Khorchi Mouloud, chef de service de développement des infrastructures de base, par la GICO, une société italienne. Réceptionné définitivement le 28 août 1991, l'ouvrage, qui a coûté 195 millions de dinars, fut mis en service une année auparavant. Quand on aborde la question sur des normes de sécurité de cet ouvrage de plus de 900 m de long, le mot paraît bien dérisoire. Si sa largeur permet une circulation fluide, il n'y a, par contre, aucune sortie de secours, pas de bande d'arrêt d'urgence, pas même d'extincteurs. Le moindre début d'incendie peut rapidement devenir fatal. D'autant plus que les bouches d'aération sont quasiment inexistantes. Une hypothèse que l'on peut facilement imaginer, lorsque l'on voit les barrières de sécurité enfoncées à de nombreux endroits. Dans ce scénario catastrophe, les automobilistes seraient pris au piège ; ils seront incapables de se déplacer à travers les fumées toxiques. Cette situation, des usagers ont cru la vivre, il y a quelques semaines, lorsque des jeunes accompagnant un cortège nuptial ont allumé des fumigènes. Une fumée dense a réduit de facto la visibilité des conducteurs. Ceux-ci, paniqués, ont tout de suite imaginé le pire, pensant se retrouver en plein cœur d'un incendie. On a assisté, alors, à des demi-tours intempestifs et une confusion générale s'est installée. Cet incident illustre bien les craintes des usagers. S'agissant de la ventilation de la structure, M. Khorchi assure que deux cheminées, dont la réalisation a été confiée à la DUCH, ont été prévues, mais il ne saura dire si elles se trouvent réellement sur place. Il assure néanmoins qu'une ventilation naturelle « permet d'éviter d'éventuels accidents ». Les signes d'usure sont également visibles sur les parois humides. En plus des eaux pluviales, celles des réseaux d'assainissement s'infiltrent sur toute la longueur de cet ouvrage. « Ces éboulements engendrent des cheminés qui fragiliseront à la longue la structure. » « Le tunnel est sous des collines sur lesquelles des constructions anarchiques en nombre important ont été édifiées. On y trouve même un établissement scolaire. 300 familles ont déjà été évacuées lors de la réalisation du tunnel », ajoute M. Khorchi, en faisant remarquer qu'« à cette même époque, le phénomène des ruissellements d'eau s'est posé avec récurrence. On dit que les réseaux d'assainissement seraient détériorés » . A la DTP, on préfère tenir plutôt un discours rassurant. « On a demandé aux instances de tutelle d'établir les termes de référence pour les tunnels. Un cahier des charges doit être ainsi respecté », souligne Khorchi. Pour lui, pas moins de 20 ouvrages devraient être expertisés au niveau national. Celui de Oued Ouchaïah le sera, le 23 juillet, par le bureau d'études Arcadis. « A partir des conclusions auxquelles parviendra le bureau d'études, on prendra des mesures nécessaires », soutient M. Chetaïbi, directeur des travaux publics. Les structures de la RN11 sont également concernées. A cette situation, s'ajoute le danger des jeunes des quartiers avoisinants, qui n'hésitent pas à prendre à partie les automobilistes en les délestant de leurs biens sans qu'aucun service n'intervienne. Au moindre ralentissement, ceux-ci sont la cible des malfrats tapis dans l'ombre. Pour rappel, d'autres tunnels sont prévus dans la capitale. L'un reliera, affirme M. Khorchi, la place Addis Abéba au Val d'Hydra, « les études de faisabilité ont été lancées en 1987 pour ce tunnel de 1000 m. L'appel d'offres le concernant a été lancé en juillet de l'année dernière et s'est avéré infructueux ». L'autre tunnel reliera la place du 1er Mai à Bab El Oued. Nadir Iddir , S. Lille