Ce mercredi 18 juillet, le directeur des services agricoles de la wilaya de Annaba donne rendez-vous aux représentants de la presse. A l'ordre du jour, le dossier de la campagne moisson-battage de céréales. Ce dernier a fait couler beaucoup d'encre et a été à l'origine d'un grand nombre de réactions de révolte des agriculteurs. Ceux-ci avaient déjà annoncé la couleur avec des prévisions véritablement pessimistes en quantité et en qualité de la récolte des céréales à livrer pour la campagne 2007. En cause, les changements climatiques, notamment les fortes pluies qui s'étaient abattues le mois de mars sur la wilaya de Annaba. Les terres ayant été en majorité inondées, les agriculteurs avaient qualifié leur situation de véritable catastrophe. « Nous sommes confrontés à un sinistre », avaient-ils affirmé, comme pour préparer les autorités nationales à cette situation. Comme un couperet, les informations se suivaient et se ressemblaient. Il ne fallait pas trop espérer en matière de rendements sur les 16 000 ha de céréales. Des informations matérialisées par les 10 q/ha enregistrés sur les 25 prévus. La qualité de la récolte est également touchée. Les maladies cryptogamiques (rouille brune, septoriose, helmintosporiose) ont fait des leurs en atteignant 80% de la production. Ce qui a imposé aux services de la Ccls de refuser cette dernière ou de l'acquérir à un prix de loin plus bas que celui initialement fixé. En 2005/2006, ce prix était à 2100 DA le quintal de blé dur. En 2007, il est fixé à 1480 DA . Et même si la prime de 620 DA à l'hectare accordée par l'Etat est la bienvenue, les réfractions sur le prix du quintal appliquées par la CCLS font très mal aux agriculteurs céréaliers. Elles varient en fonction de la qualité du blé livré. La même situation pour le blé tendre. Le prix était à 1900 DA/quintal en 2006 et une prime de collecte de 820 DA à l'hectare. En 2007, il est à 1080 DA à la livraison avec des réfractions de 400 DA au quintal pour le blé de mauvaise qualité. Tenant compte des aléas climatiques exceptionnels vécus cette année, l'Etat a maintenu son soutien à l'itinéraire technique au moyen d'une subvention de 8000 DA/ha pour un seuil de rendement qui ne doit pas être en dessous de 8 q/ha. « C'est un véritable drame que vivent les agriculteurs. Si la précédente campagne a été bonne pour la filière du blé, les agriculteurs céréaliers ont tout perdu en 2007. La situation est quasi similaire dans toute la région du nord-est du pays. Que ce soit à Annaba, Skikda, El Tarf ou Tébessa, les superficies destinées aux céréales ont baissé de plus de 20%. L'Etat est interpellé pour agir avec plus de rigueur. L'agriculture est en déperdition. Les agriculteurs ne savent plus à quel saint se vouer », considère Kamel Djabri, représentant de la Chambre d'agriculture de Annaba (CAA). Ils sont nombreux à être du même avis, y compris dans la filière des multiplicateurs qui forment un des plus efficaces réseaux du pays. C'est en tous les cas l'avis de M. Mabrouk, technicien agronome à la CAA qui a affirmé que la wilaya de Annaba s'est transformée en principale base de multiplication pour toutes les régions de l'est du pays. Ce que confirme, du reste, l'important stock disponible au titre de réserve en cas de sécheresse et la grande expérience acquise par les multiplicateurs qualifiés d'experts en la matière. Leur compétence a été pour beaucoup dans les prouesses réalisées sur le rendement durant la campagne 2005/2006 avec 50 quintaux à l'hectare.