Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a expliqué, dans un entretien accordé à Pétrole et gaz arabes, dans le numéro daté du 1er août, la vision de Sonatrach concernant le rapprochement avec les compagnies françaises GDF, Suez et Total. Si la thèse développée n'est pas nouvelle, elle est néanmoins explicitée et détaillée. En citant les exemples de partenariats stratégiques conclus sur la base de projets concrets avec la compagnie norvégienne Statoil et le groupe italien Eni, le ministre montre ainsi la voie à suivre qui pourrait être empruntée par les compagnies françaises dans le cadre de leur coopération avec Sonatrach. Et c'est pour cela qu'il a pu affirmer que « les sociétés françaises n'ont pas fait à Sonatrach des propositions de nature à contribuer à son développement international, ce qui a un caractère stratégique pour nous, comme l'ont fait Statoil ou le groupe italien Eni avec lequel nous sommes associés dans l'exploration au Mali ». Statoil a associé Sonatrach dans deux projets d'exploration en offshore en Egypte. Ce qui est une première pour la compagnie nationale qui ne dispose d'aucune expérience en offshore. Tandis que le groupe italien Eni est entré en partenariat avec Sonatrach dans plusieurs projets d'exploration au Mali. Le ministre a cité aussi le partenariat stratégique conclu avec la compagnie portugaise EDP qui a permis à Sonatrach de détenir une partie du capital de la compagnie. Le ministre a constaté qu'« à ce jour, nous n'avons pas pu développer de partenariats similaires avec Gaz de France ou avec Total d'ailleurs ». Pour le ministre, « Sonatrach n'est peut-être pas leur partenaire préféré, ce qui est leur droit. Parfois des gouvernements poussent à des accords alors que les acteurs industriels concernés ne sont pas forcément intéressés parce que le schéma proposé n'entre pas dans leur stratégie globale ». En exposant ce constat, le ministre, qui s'est refusé à porter un jugement ou à faire un reproche, a souhaité que la récente visite du président français Nicolas Sarkozy puisse constituer une occasion de pousser dans cette direction. Exposant la stratégie de partenariat de Sonatrach, le ministre a indiqué : « De façon générale, nous voulons trouver des partenaires qui nous apportent une valeur ajoutée en termes notamment de technologie, de capacité de management ou de marchés qui nous intéressent. » « C'est par rapport à ces besoins que l'on peut envisager des alliances qui déboucheront sur des synergies importantes », a-t-il expliqué. Cela étant, il existe une coopération assez développée entre Sonatrach et les compagnies françaises. A titre d'exemple, Sonatrach et Gaz de France ont créé durant l'année 2000 une société commune de commercialisation de GNL (MEDLNG). De plus, GDF et Sonatrach doivent bientôt développer en partenariat un projet gazier en Algérie. Ceci en plus des contrats de vente de GNL et de gaz naturel à travers le gazoduc Medgaz. Avec Total, le partenariat est aussi important dans l'exploration en Algérie. Le 16 juillet, le groupe français Total a remporté un projet pétrochimique. Le coût du projet est estimé à 3 milliards de dollars. Le complexe, d'une capacité de 1 400 000 t d'éthane par an, produira 800 000 t de polyéthylène avec 450 000 t de LLDPE, 350 000 t de HDPE et 410 000 t d'éthylène glycol qui seront destinés aussi bien au marché national qu'à l'exportation. L'usine sera détenue à 49% par Sonatrach et 51% par Total. C'est une grande percée pour le groupe français dans le secteur de la pétrochimie qui va connaître un essor en Algérie. Il faut rappeler que M. Sarkozy, avant son élection, avait prôné un rapprochement entre Sonatrach et GDF au lieu d'une fusion GDF-Suez sans donner de précisions. Ensuite, il avait su nucléaire-gaz naturel. Lors de la visite qu'il a effectuée le 10 juillet en Algérie, le chef de l'Etat français avait affirmé que les deux pays mènent des discussions sur l'énergie « dans son ensemble et sous toutes ses facettes », en ajoutant : « Nous aurons l'occasion d'avancer un certain nombre de propositions concrètes au mois de novembre. » M. Sarkozy doit effectuer une visite d'Etat en Algérie au mois de novembre prochain, selon ses déclarations. Lors de cette visite, on en saura un peu plus. Toutefois, selon les déclarations de leurs dirigeants, les compagnies françaises GDF ou Suez discutent régulièrement avec Sonatrach de leur coopération et des opportunités qui s'offrent à elles.