Le gouvernement excelle dans la manipulation des chiffres, disant la chose et son contraire. Le constat est celui du Mouvement démocratique et social (MDS), dont la fédération d'Alger a sanctionné sa réunion hebdomadaire tenue vendredi par une brûlante déclaration où elle relève l'échec de la politique de l'Exécutif et les balivernes de certains ministres. A commencer par Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur. La fédération d'Alger s'indigne contre les dernières déclarations de M. Zerhouni relatives aux attentats terroristes de Lakhdaria et de Yakouren qu'elle qualifie de « propos irresponsables ». Le ministre de l'Intérieur avait justifié la multiplication des actes meurtriers dans ces localités des wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou par le retrait de la Gendarmerie nationale de la Kabylie après les événements d'avril 2001, imputant, en des termes à peine voilés, la recrudescence des actes terroristes aux citoyens de cette région. Le MDS d'Alger dit être ainsi scandalisé par l'attitude du premier flic du pays qui veut « découpler les attentats de leur matrice idéologique qu'est l'intégrisme islamiste ». La fédération d'Alger n'a pas non plus ménagé M. Zerhouni quant à sa décision d'interpeller par écrit les citoyens n'ayant pas voté lors des dernières élections législatives. Pour ce parti du défunt El Hachemi Chérif, le ministre par son « instruction » compte exercer une « pression inadmissible » sur les consciences des citoyens pour éviter « une nouvelle déroute aux prochaines élections locales en novembre 2007 ». Un tel acte est « digne des régimes totalitaires et fascistes », lit-on dans la déclaration. La chose et son contraire ! Revenant sur la situation politique et socioéconomique du pays, marquée par la dégradation vertigineuse et périlleuse du pouvoir d'achat des citoyens, le MDS d'Alger n'y est pas allé de main morte pour battre en brèche la multitude de discours triomphalistes et optimistes que ne cessent de servir les membres du gouvernement au gré des jours. Il condamne ainsi « la propension des membres du gouvernement à manipuler les statistiques et à dire une chose et son contraire avec une aisance consternante sur tous les sujets ». La fédération d'Alger relève dans le sillage « les chiffres du bac 2007 où l'on annonce un taux de réussite de plus de 54% alors qu'il n'est réellement que de 47% ». Comme elle fait état des chiffres du chômage qui, selon le ministre de l'Intérieur, seraient faux et sous-évalués, mais aussi du programme de logements annoncé en grande pompe par le gouvernement qui passe de « deux millions à un million selon le nouveau ministre de l'Habitat ». Le MDS d'Alger dénonce également les dirigeants syndicalistes de l'UGTA qui, au lieu de défendre les intérêts des travailleurs, « se mettent de la partie en déclarant que la grève n'est pas nécessaire et qu'elle représente un danger pour la stabilité de l'entreprise algérienne, alors que c'est le droit du travailleur et en plus c'est son dernier recours ». De ce fait, le MDS d'Alger classe l'UGTA parmi ce qu'il appelle « les syndicats normalisés ». Cette formation de gauche, qui vit une crise interne depuis la disparition de son père fondateur, n'a pas omis d'évoquer les procès qui se sont succédé, dont le dernier en date est celui du séisme de Boumerdès, insistant sur le fait qu'aucun responsable politique n'est sanctionné. La fédération d'Alger du MDS se dit ainsi résolue à poursuivre le combat pour l'éradication du système rentier et l'islamisme intégriste en Algérie et appelle ses militants à se mobiliser davantage pour préserver les acquis démocratiques qui sont, à ses yeux, menacés plus que jamais. Elle estime qu'il ne pourrait y avoir de démocratie tant que l'intégrisme islamiste et le système rentier perdurent.