Il fait un temps à ne pas mettre un sans-papiers dehors. La météo de l'Intérieur est à l'orage. Mois d'août pluvieux. C'est aussi ça, la France. Un temps à prendre la fuite, à éviter les descentes de police. Les associations humanitaires crient à la chasse à l'étranger. Il y a ceux qui fuient par le balcon, certains par la grève de la faim, d'autres, moins nombreux, demandent la prime de retour et rejoignent le Sud. De l'autre côté de la Méditerranée. Déprimés par leurs conditions de vie. Il fait un temps où il vaut mieux avoir des amis qui peuvent vous payer des vacances à 22 000 euros la semaine, être du bon côté de l'identité nationale, du bon côté de la Méditerranée. De l'autre côté, on en meurt sur des embarcations de fortune. Les jeunes Algériens, les harraga, rêvent d'assécher cette mer pour pouvoir la traverser à pied. C'est aussi ça l'Algérie. On meurt de désespoir, d'horizons bouchés, de pauvreté. Alors que les caisses de l'Etat regorgent de pétrodollars. Les boat people économiques. Un monde meilleur. Avant de trouver la désespérance dans l'eldorado fantasmé. Il y a des rescapés. Certains ont même trouvé le sésame. Certaines seraient plus justes. Rama Yade, Rachida Dati et Fadéla Amara sont dans le gouvernement. Elles cautionnent les lois répressives sur l'immigration. Oubliant sans doute qu'avec ces mêmes lois leurs parents n'auraient jamais pu s'installer en France. Le dernier arrivé ferme la porte derrière lui. C'est, d'ailleurs, étrange que seuls les transfuges socialistes et les 3 ministres de la diversité ne se soient pas présentés devant les électeurs. Les Français ne sont pas prêts à élire un Arabe à l'Assemblée, se désolait Azouz Bégag. Alors, Nicolas Sarkozy a préservé ses protégées d'une défaite annoncée. A Lille, des sans-papiers sont à leur 60e jour de grève de la faim, dans l'indifférence presque générale. Sale temps. « Ce sera la régularisation ou l'acte de décès », affirmait un gréviste de la faim, un ingénieur algérien, arrivé en France il y a 5 ans. Des questions mitraillettes. A ce point ? Qui a des réponses ? Mourir pour des papiers. Mourir pour ne pas vivre en Algérie ? Désespoir et désespérance. Les réponses ne se trouvent pas toutes à Paris. Fuir, c'est aussi mourir, et pas qu'un peu.