Chaque jour, il vient d'Akbou exercer son métier de forgeron à Seddouk. Avant lui, c'était son père, Da Arab, auprès de qui il a appris ce métier et qui avait ouvert la première forge dans les années 1940 à côté du marché hebdomadaire. La journée commence par le rituel de l'allumage du four au charbon. « Le fer, comme tout autre métal, doit être traité avec juste ce qu'il faut comme chaleur », nous confie Akli Haddad, fils, petit-fils et arrière-petit-fils d'une lignée de forgerons. « C'est un métier très dur, mais nous l'exerçons aussi bien par vocation, par amour et par fierté. En plus de nous faire vivre, il nous procure beaucoup de satisfactions. Nous aimons façonner les outils tout autant que les objets d'art », ajoutera notre interlocuteur tout en jouant de son marteau sur l'enclume à une cadence bien ordonnée. « Dans le commerce, on peut trouver toute sorte d'outils, mais les fellahs préfèrent venir chez nous pour faire fabriquer ce dont ils ont besoin et, surtout, se rendre compte de leurs yeux du métal utilisé et assister à la fabrication de leurs outils. D'ailleurs, la plupart du temps, ce sont eux qui nous ramènent la matière première provenant de la récupération ou bien d'un outil hors d'usage », dit-il. Assis au coin de la forge, un fellah attend patiemment sa commande. Il suit avec attention l'évolution de la fabrication et semble se réjouir, déjà, du résultat et nous déclare : « Ce métier qui se transmet de génération en génération est peut-être appelé à disparaître. C'est bien dommage, car c'est un métier noble et surtout d'utilité publique. » En plus d'être forgeron, Akli est maréchal-ferrant. C'est chez lui qu'on vient ferrer ânes, mulets et chevaux, encore utilisés par les montagnards, surtout pendant l'olivaison. Seul forgeron de toute la région, c'est chez lui que les fellahs se rencontrent. Un lieu de rendez-vous incontournable pour ces amoureux de la terre. Comme son père, Da Arab, avant lui, Akli est une véritable institution.