Agissant sur des renseignements fournis par des citoyens, les services de la Gendarmerie nationale ont découvert, lundi 27 août, dans la commune de Toudja, un champ de cannabis de quelque 560 plants, représentant près de 170 kg. L'arrestation des narcotrafiquants, en même temps cultivateurs et propriétaires de ces parcelles, ne serait qu'une question de temps, puisqu'ils auraient été identifiés et seraient activement recherchés. Il s'agit, en fait, de la quatrième plantation de chanvre indien découverte en un mois dans le même triangle, à savoir El Kseur - Toudja - Fenaïa. Un premier champ de cannabis a été découvert le 31 juillet dernier à Aït Smaïl, à Tizi Ougdhal, commune d'El Kseur. Dans les six pépinières que cultivait un particulier, les gendarmes ont mis la main sur 538 plants représentant 102 kg de cannabis, cette plante herbacée dont la résine sert à fabriquer le haschich ou la marijuana. Début août, c'est un autre champ de même nature qui est découvert au lieudit Tifakhfakhin, au village Ibelhadjen, commune de Toudja. Les éléments de la Gendarmerie nationale saisissent plus de 163 plants dont la longueur dépasse les 2,5 m et qui représentent l'équivalent de 76 kg. Le 19 août, toujours sur les renseignements de citoyens anonymes, un autre champ de cannabis est découvert au village de Boubzi, à Fenaïa. D'une superficie de 115 m2, il est divisé en 3 pépinières gardées par des chiens dressés à repousser les curieux et les intrus. La récolte, là encore, est abondante puisqu'elle s'élève à 96,5 kg, en plus des 290 g de semence et des 9 kg de haschich emballés dans des sachets en plastique et prêts à être commercialisés sur lesquels les gendarmes ont mis la main. Au-delà du fait que toutes les plantations de cannabis mises au jour jusqu'à présent se situent dans un mouchoir de poche compris entre Fenaïa à l'ouest, El Kseur à l'est et Toudja au nord, toutes les parcelles se trouvent dans des zones densément boisées, désertes ou fuies pour cause d'activités terroristes. L'axe Beni Ksila, Toudja, El Kseur et Amizour a toujours été un couloir de passage et une zone de transit pour les groupes du GSPC qui passent des massifs de haute Kabylie aux maquis de l'est du pays en empruntant ces régions boisées qui regorgent de ravins et de sentiers muletiers à l'abri des regards indiscrets. La seule exception à cette série de découvertes, qui fait de la région d'El Kseur une enclave colombienne en pleine Kabylie, est la plantation découverte, il y a quelques mois, sur les hauteurs de la commune d'Ath Mellikech, au sud de la wilaya. Ce qui confirme, qu'à l'instar de la région du Rif chez nos voisins marocains, la wilaya de Béjaïa est en passe de devenir la première région de production de kif à l'échelle nationale pour des motifs qui lui sont propres. Au nombre de ces motifs, nous citerons le départ de certaines brigades de gendarmerie des zones montagneuses après les événements du printemps noir, puis l'implantation ces dix dernières années de maquis islamistes dans la partie nord de la wilaya. Le phénomène de la culture du cannabis a pris une telle ampleur qu'il a poussé les responsables de la gendarmerie à évoquer, tout récemment encore, dans les colonnes de la presse nationale, la possibilité d'utiliser dans un avenir proche des caméras hyper spectrales montées sur des moyens aériens pour la détection des champs de cannabis. En attendant ces moyens sophistiqués, le meilleur atout des gendarmes demeure, sans aucun doute, le concours et la vigilance des citoyens car, jusqu'à présent, toutes les découvertes faites ont eu lieu grâce aux renseignements fournis par des citoyens conscients du danger que constitue ce fléau qu'est la drogue.