Si la période estivale est synonyme de détente et de farniente pour les « congétaires », certaines administrations fonctionnent, faut-il le rappeler, au ralenti, au moment où d'autres rentrent carrément en hibernation. Des institutions publiques pleines de vide où le travail se fait au rabais. Il n'est pas aisé d'accrocher le responsable parti en vacances — c'est son droit, me diriez-vous, après une année de dur labeur. Il a eu tout le loisir de charger son intérimaire, l'espace de son absence. Une période plus ou moins longue pendant laquelle le valet est mis sur le maillet. A peine des ombres furtives croisent votre personne dans les couloirs, sinon on vous laisse faire le pied de grue avant qu'un subalterne ne daigne vous recevoir dans son espace climatisé. Pour les chanceux, la discussion peut durer des heures sans pour autant que vous soyez éclairé sur le motif pour lequel vous êtes venu. Si vous n'avez pas l'heur de lui plaire ou s'il est de mauvaise humeur, à cause de la solitude qui pèse sur lui, vous serez prié de revenir un autre jour pour voir le chef habilité, selon lui, à connaître tous les dossiers sur les doigts d'une seule main. A croire qu'il n'est là que pour meubler la chaise et l'espace du supérieur. Soit. Vous tentez de porter votre grief à la hiérarchie dans un tout autre service. Vous n'êtes pas au bout de votre peine. Ahané par tant d'efforts consentis, des vigiles ou des employés vous font valser d'un bureau à l'autre, non sans vous faire grimper et dévaler des volets d'escaliers pour trouver votre interlocuteur. Là, vous croyez frapper à la bonne porte. Que nenni ! S'il n'est pas en réunion qui dure des heures interminables, il est en mission. Vous n'avez qu'à prendre votre mal en patience ou ronger votre frein. « Téléphonez avant de venir », vous lance la secrétaire qui se plaît à ronger ses ongles. Vous retournez sur vos pas en quittant illico le vide sidéral de cette auguste institution non sans penser au mois de « sidna ramadhan », un mois de léthargie qui approche à grands pas. Là aussi, vous ne serez pas surpris d'être loin de votre compte...