Alors qu'une véritable frénésie s'empare des rues pendant le neuvième mois lunaire, les bureaux de notre administration deviennent quasiment pleins de vide. Difficile d'accrocher un col blanc planqué dans son établissement, si vous avez, bien sûr, l'heur d'avoir la standardiste au bout du fil. Dans lequel cas, cette dernière vous fait patienter en vous passant un beau quart d'heure un morceau de musique de chambre. A croire que sidna ramadhan neutralise l'énergie, sauf celle à vaquer nonchalamment dans les couloirs, sinon les souks et autres supérettes, histoire de titiller ses narines et taquiner son tube digestif. Bien que les horaires spécial Ramadhan soient rendus publics - comme chaque année - et affichés notamment au niveau des structures relevant de la fonction publique, la règle du jeu ne fait pas l'adhésion. L'heure est aux abonnés absents. Certains préfèrent évoluer sous un autre méridien : Gmt -1 le matin et Gmt + 2 l'après-midi et voilà que la journée se voit tronquée de trois bonnes heures, au grand dam d'un service public et d'une économie dont la relance fait du surplace. Sans compter l'écart entre le travail réel et celui effectif. On ne lésine pas sur les moyens pour dépenser de manière gargantuesque dans la goinfrerie, mais on ménage nos efforts pour éviter d'être bousculé dans notre somnolence ramadhanesque. L'espace d'un mois, la tendance est à la léthargie. La vie diurne se met au ralenti avant de rentrer en hibernation dans les services de certains ministères où le geste devient ankylosé, le traitement des dossiers gelé, l'initiative amorphe et les rendez-vous renvoyés à une date sine die pour ne pas dire aux calendes grecques. Il ne manque que l'écriteau sur la porte de service : no disturb, on jeûne !