L'été a toujours constitué la saison des grandes évasions où les artistes retrouvent comme par enchantement leur muse. Et pour conjuguer plaisir de la traversée avec des soirées rythmées, l'émission de la Chaîne I de la Radio nationale Layali Bahri, en collaboration avec la Compagnie Maghreb Line (CML), a trouvé la bonne formule. Barcelone (Espagne). De notre envoyé spécial Trois voyages ont permis aux Algériens des deux rives, les uns qui retrouvent le pays des ancêtres, les autres qui partent en vacances vers d'autres destinations, de vivre des moments de forte intensité. Les deux premiers ont eu pour destinations Tunis et Marseille. Le voyage qui nous mène à Barcelone sur le Lato, d'une capacité de 1790 passagers, dont 858 en classe cabine et de 750 véhicules, est quelque peu mouvementé par le mauvais temps. Le bateau tangue. Le car-ferry a chargé 1200 passagers. Il a fait le plein. Le vent sculpte la mer et les vagues écument. C'est impressionnant... La première soirée a été animée tant bien que mal, mais les artistes avaient des difficultés à s'exprimer sur scène. Les trois chanteurs qui ont participé sont Sid-Ali Driss (chaâbi), cheb Othmane (raï), et Hakim Salhi (chanson moderne) qui vient de sortir récemment son dernier album Makatib (destinées). Deux chansons sont à l'honneur : Kayen Rabi, une chanson du patrimoine de cheikha Djenia et Ma ait ya gherbi ainsi que la chanson El Barah kan fi amri achrine de l'indétronable Guerrouabi. Nous avons rencontré aussi Badji El Bahri, un cuisinier à bord du bateau qui excelle dans l'art du chaâbi. Il chante des « chansons inspirées du vécu », affirme-t-il, précisant qu'il ne « reprend pas des textes » mais « tente plutôt de composer ». Ayant une voix rocailleuse et profonde, son chant est une quête permanente d'échapper à la douleur (de l'exil, de la nostalgie de l'âge d'or perdu). Il nous rappelle Mohamed El Badji et sa célèbre Ya Maqnine Ezzine. Après cette soirée, la plupart vont dormir. Nous arrivons vers 11h à la cité Catalane. Les artistes profitent de l'escale pour aller visiter la Rambla, une avenue animée où se concentrent les étals de fleurs et les artistes de rue. Tout est spectacle ici. Il y a tous les ingrédients pour rompre avec la monotonie. C'est un des lieux emblématiques de la ville. Il y a des one man show, des peintres de portraits et des oiseaux. Alicante et Benidorm Et la verve des Espagnols, même si nous ne les comprenions pas toujours. Il faut savoir que la ville de Barcelone devra accueillir pas moins de 7 millions de touristes en 2007, soit le même nombre de l'ensemble de la population catalane, selon des prévisions rendues publiques à Barcelone. La ville dispose de 21 centres d'informations touristiques employant quelque 125 personnes qui présentent aux touristes tous les renseignements nécessaires en 25 langues. Le tourisme contribue actuellement à hauteur de 14% dans le produit intérieur brut de Barcelone. Les touristes dépensent en moyenne entre 400 et 500 euros durant leur séjour, soit une manne d'environ 7,5 millions d'euros que se partagent les établissements hôteliers et les commerces. Après cette halte d'environ une heure et demie, nous embarquons de nouveau. Cap sur Alger. Il y a moins de monde dans le sens des retours (60 passagers). La majorité est composée d'Algériens qui ont choisi d'aller en Espagne, plus précisément à Palma, planter leur décor de rêve. Une dame de Skikda avec sa famille a opté pour ce choix, car en Algérie, dit-elle, « certes, il y des potentialités touristiques importantes mais les services laissent à désirer ». Une autre destination espagnole a la cote : Alicante, desservie par l'ENTMV et Benidorm, un grand centre touristique de la Costa Blanca avec ses plages et l'éventail de ses loisirs. Les Algériens préfèrent la location que les hôtels. C'est moins cher et cela permet plus de liberté de mouvement. La famille Zahra, qui habite en Espagne, est venue passer ses vacances et le Ramadhan en Algérie . Le mois du jeûne au bled est « une chose formidable avec une chaleur humaine qu'on ne trouve pas en Europe ». La mer est plus calme et le staff de l'émission Layali Bahri prépare les ultimes détails dans une ambiance bon enfant. Un briefing est fait avec les chanteurs pour choisir les chansons. Les techniciens font les réglages et la balance. A 21 h, le show commence avec le trio qui interprète un émouvant Koum Tara dans le plus pur style andalou. Il apporte une ambiance nostalgique à ce morceau. Après un concours qui permet au public de gagner des cadeaux, cheb Othmane enchaîne avec El Ghalia mahboubet galbi, une ballade sentimentale dans les jardins de la mélancolie. Hakim Salhi reprend la chanson de Ahmed Ouahbi Ahkam Ya Rabi et Sid-Ali Driss nous invite à venir écouter Adji Tchouf Ezin… La traversée s'amuse. Hakim Salhi allume le feu de nouveau avec Sahraoui et Fel Ghourba ouahdi. Une ambiance s'installe et même les enfants se mettent à danser. Des photos sont prises. Happy birthday ! En cette soirée là, il y avait deux anniversaires à fêter : celui d'un passager et de l'une des jeunes filles chargée de préparer l'émission. Elle était aux anges quand l'animatrice principale annonce cette nouvelle. Une animation appréciée par les voyageurs qui ont exprimé le souhait de voir ce genre d'initiative se généraliser. Layali Bahri a permis aussi aux auditeurs qui n'ont pas eu la chance ou les moyens de voyager de partager quelques moments d'évasion et mieux connaître la CML, une compagnie maritime qui prépare déjà la prochaine saison. Elle veut légitimement augmenter ses parts de marché dans un secteur, faut-il le dire, extrêmement concurrentiel avec deux autres opérateurs sur la France (ENTMV et SNCM) et Transmediterranéa sur le réseau Espagne. Les traversées offrent ainsi en bonus le plaisir de la découverte, ressentir en famille ou entre amis la beauté et la force de la Méditerranée, berceau des civilisations et lieu de brassage des cultures où il est prévu 400 millions de touristes en 2020 (actuellement, ils sont estimés à 250 millions). A la fin des deux traversées, on retiendra autant de trésor d'images que de souvenirs qui rappellent la douceur des vacances.