Comme au lendemain de l'attentat ayant ciblé en avril dernier le Palais du gouvernement, des marches et des meetings seront organisés, aujourd'hui, pour dénoncer les actes terroristes perpétrés ces trois derniers jours à Batna et à Dellys. Le procédé est le même : il faut dissimuler l'échec de la politique de la réconciliation nationale et montrer à l'opinion internationale « la mobilisation des citoyens » contre le terrorisme et soutenir le président de la République. A l'origine de cette initiative, il y a l'UGTA, des associations anonymes et des partis ayant soutenu la politique de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, dont le délai est arrivé à terme le 31 août 2006. Les citoyens sont appelés, en effet, à marcher et à se rassembler à travers tout le territoire national pour condamner et dénoncer les lâches attentats terroristes. « Les travailleuses, les travailleurs et l'ensemble des instances syndicales sont appelés à exprimer leur attachement aux valeurs républicaines, à la paix et à la réconciliation nationale par leur participation massive aux marches et meetings qui seront organisés dimanche à travers tout le territoire national », a écrit l'UGTA dans un communiqué rendu public hier. L'objectif de ces actions, selon la centrale syndicale, « est la dénonciation et la condamnation avec la plus grande fermeté des lâches attentats terroristes en vue de barrer le chemin aux ennemis de l'Algérie et exprimer le soutien indéfectible au président de la République ». Les 48 walis ont été instruits de coordonner ces manifestations. Quel est le résultat attendu de ces actions ? Peut-on arrêter cette nouvelle forme de terrorisme (les attentats kamikaze) par de simples manifestations populaires ? Il semble que les autorités n'ont pas tiré les leçons qu'il faut de la décennie noire et qu'elles ne veulent pas prendre au sérieux les menaces d'Al Qaïda au Maghreb (nouvelle appellation du GSPC). Depuis la dernière « mobilisation populaire », plusieurs attentats kamikaze ont été perpétrés dans différentes régions du pays et ont coûté la vie à des dizaines de personnes (civiles et militaires). Les terroristes ont poussé le bouchon très loin en ciblant, jeudi dernier, dans la wilaya de Batna, le cortège présidentiel. Que reste-t-il alors de la réconciliation nationale ? Tout porte à croire que ces nouvelles manifestations n'auront pas le résultat recherché par leurs initiateurs. Au lieu d'opter pour une lutte plus efficace contre le terrorisme et la sensibilisation de la population en vue de créer les conditions idoines pour la réussite de cette lutte, le pouvoir préfère, semble-t-il, soigner la façade au détriment de la situation interne.