Susciter la mise en place d'un plan de développement spécifique du secteur agroalimentaire (PNDAGRO) pour intégrer le PNDAR par un plus fort volet agroindustriel est une proposition qu'avancent des professionnels du secteur agricole pour remédier à la forte dépendance du secteur de l'importation de matières premières et favoriser des complémentarités entre l'agriculture et les industries agroalimentaires. Dans une conférence intitulée " production agricole levier incontournable des industries agroalimentaires " présentée en marge des préparatifs du salon Filaha 2007, le docteur M.A Nouad, consultant, et expert en matière d'agriculture estime que le PNDAR comprend aujourd'hui des mesures favorisant l'investissement mais qui restent insuffisantes pour intensifier les relations avec l'industrie. L'expert décortique la situation actuelle du secteur et estime notamment qu'il est déconnecté de l'amont agricole, fortement dépendant des importations des matières premières, pénalisé par une absence de stratégie globale et de cohérence, par une absence de régulation du marché, et une faiblesse des organisations professionnelles ou interprofessionnelles, ainsi que par de nombreux cas de concurrence déloyale qui risquent d'asphyxier les entreprises sérieuses. Après avoir planté le décor l'expert se projette dans l'avenir en estimant que l'émergence d'un secteur agro-industriel performant qui soit une véritable locomotive du développement de l'agriculture et qui permette de répondre aux besoins nutritionnels des populations à des coûts relativement bas passe par la réduction de la valeur des importations alimentaires et l'augmentation des recettes d'exportation. Pour M Nouad, le développement du secteur agro-alimentaire devrait donc s'appuyer sur un développement parallèle du secteur de l'agriculture qui devra évoluer vers une agriculture économique avec de véritables exploitations agricoles intensives et de grandes tailles. Un objectif qui nécessite selon lui de relancer le débat sur le foncier agricole pour faciliter l'accès à la terre. L'incapacité de l'appareil national de production à susciter une offre à l'exportation actuellement est reconnue de tous y compris des Pouvoirs Publics qui ont tenté vainement de multiples mesures estime M Nouad qui soutient qu'il faut à l'avenir explorer d'autres pistes, pour prendre des mesures en amont du secteur productif pour améliorer l'offre à l'exportation et asseoir une compétitivité de nos entreprises sur les marchés extérieurs. Pour ce faire le PNDAR devra mieux intégrer des mesures visant à favoriser des complémentarités entre l'agriculture et les industries agro alimentaires. Ainsi l'amélioration de la compétitivité est nécessaire et devrait se concrétiser par l'augmentation de la productivité, et la réduction des coûts relatifs au transport, de la transformation, et des coûts de transaction. Elle passe aussi par l'amélioration de la qualité des produits tant pour l'exportation que pour la consommation locale. Des impératifs qui sont imposés par le marché mondial, et qui aideraient à asseoir une véritable assise agroalimentaire en Algérie. L'expert fait remarquer que la saisonnalité de la production dans notre pays se répercute sur les niveaux d'approvisionnement et les prix du marché, et nécessite la sécurisation de ces filières par la mise en place d'arrangements contractuels pour stabiliser les variations de l'offre, la réduction des coûts de production, l'organisation des acteurs et l'amélioration de son environnement institutionnel. Les systèmes de commercialisation sont aujourd'hui inadaptés et sont plus orientés vers la spéculation d'où la nécessitée de développer une stratégie de grandes centrales d'achat. Celles-ci devraient permettre, souligne M Nouad, d'améliorer l'approvisionnement des marchés en fruits et légumes frais et produits transformés ainsi, que d'accroître la compétitivité sur les marchés locaux et internationaux. Parmi les propositions visant à améliorer le dispositif d'aide à l'investissement dans le secteur agro-alimentaire, l'expert note enfin qu'il faut définir les filières où il paraît souhaitable d'accorder une priorité, soit en raison de leur poids au sein de l'économie algérienne, soit parce que l'Algérie dispose d'un avantage comparatif à valoriser. L'enjeu est de rester compétitif afin de limiter les importations concurrentes et ainsi de préserver les emplois et les revenus.