Le 15 septembre 1997, Larry Page et Sergey Brin, deux étudiants de 24 ans de l'université de Stanford, en Californie, ont déposé le nom de domaine « google.com » variation de « googol » qui désigne le nombre 10 puissance 100. Les deux amis créeront le groupe Google un an plus tard, le 7 septembre 1998, dans un garage. Par pur bouche à oreille, grâce à la qualité de son algorithme — les paramètres de pertinence et de classement des réponses quand on tape des mots-clés —, les internautes l'adoptent. Dès le départ, les fondateurs jugent crucial leur rôle de trieur du web. « Nous pensions que la recherche c'était vraiment important, alors que tous les autres moteurs arrêtaient d'y travailler », a raconté Sergey Brin dans une interview récemment. Pour rechercher des documents sur Internet, il faut constamment contacter les sites et mémoriser leurs pages : c'est dans cette colossale base de données de Google, constamment renouvelée, que se font les recherches par mot-clé. Il faut plusieurs semaines à Google pour parcourir la totalité du web et renouveler sa base. Google devient vite le moteur qui « aspire » le plus de pages web, des dizaines de milliards aujourd'hui. Multilingue, il devient presque partout le premier moteur de recherche, sauf en Chine, au Japon et en Russie. En 2000, Google commence à vendre des publicités liées aux mots-clés. Au moment où d'innombrables sociétés internet font faillite, il devient rentable. Il entre en Bourse en août 2004, à 85 dollars. Son action en vaut aujourd'hui 525 et sa capitalisation boursière 164 milliards. En 2006, il a encaissé un chiffre d'affaires de 13,4 milliards — le tiers des dépenses publicitaires mondiales sur Internet — et un bénéfice de 3,7 milliards. Ces dernières années, en recrutant à tour de bras — 13 700 salariés actuellement —, Google s'est développé dans tous les domaines de l'information, s'appuyant sur une culture tournée vers l'innovation, où chaque employé est prié de passer 20% de son temps à des projets personnels. Il indexe tout : blogs, photos satellites de la Terre et de l'espace, il photographie des rues, scanne des millions de livres dans les bibliothèques mondiales, ainsi que les archives de journaux. Il a acheté en 2006 le plus grand site d'échange de vidéos, YouTube, puis l'une des plus puissantes régies publicitaires sur internet, DoubleClick. Il s'est lancé aussi dans les logiciels gratuits en ligne, avec le courrier électronique Gmail et des logiciels de traitement de texte, de photos ou de calendrier, qui concurrencent le géant Microsoft. Ses deux fondateurs trentenaires possèdent chacun 16 milliards de dollars. Leur groupe, qu'ils dirigent avec le PDG Eric Schmidt, est le plus consulté du monde, avec chaque mois 500 millions de visiteurs (2 internautes sur trois). Mais malgré son slogan interne : « Ne fais pas le mal » et son utilité, sa volonté d'omniscience suscite de plus en plus d'hostilité. Google et sa filiale YouTube ont été attaqués en justice par de nombreux médias qui l'ont accusé de piller leur contenu. Ses publicités ciblées en fonction des recherches mais aussi du contenu des e-mails font craindre des intrusions dans la vie privée, d'autant que le groupe envisagerait de stocker les dossiers médicaux. Son initiative de photographier les rues de villes a aussi été critiquée – tout en étant également admirée et utilisée. L'association Privacy International reste méfiante : pour le respect des données privées, Google « au pire est hostile, au mieux ambigu », estime-t-elle. A.F.P., Samir Ben Djafar