Le processus de désignation du constructeur des deux centrales électriques de Terga (Aïn Témouchent) et de Koudiet Eddraouch (El Tarf) d'une capacité de 1200 MW chacune sera bouclé le 20 novembre prochain avec l'ouverture des offres commerciales après que Sonelgaz, Société nationale de l'électricité et du gaz, ait décidé de relancer l'appel d'offres. Cependant, contrairement aux informations distillées la semaine dernière par Alstom, unique soumissionnaire lors de l'ouverture commerciale du 8 août dernier avec une offre jugée « surévaluée », la relance ne se limite pas à la partie commerciale. En fait, Sonelgaz a opté pour un appel d'offres « accéléré » où la partie technique, celle qui généralement accapare le plus de temps (une année dans le cas de Terga et de Koudiet Eddraouch), serait compressée étant donné la disponibilité d'offres. D'après le PDG de Sonelgaz, Nordine Bouterfa, « l'appel d'offres est relancé aux détenteurs de licences qui peuvent s'associer à d'autres partenaires ». De par le monde, les détenteurs de licences sont au nombre de quatre, en l'occurrence Alstom, General Electric (GE), Siemens et enfin Mitsubishi. Alstom et GE qui sont dispensés de formuler de nouvelles offres techniques, obligation leur est faite de confirmer leurs engagements. Par contre, Siemens s'engage à « finaliser les pièces contractuelles sur la base des documents existants des affaires similaires où il a été soumissionnaire », souligne le premier responsable de Sonelgaz. Siemens a eu récemment une expérience sur la centrale de Hadjeret Nouss (Tipaza) d'une capacité similaire. Par ailleurs, dans le cas où d'autres soumissionnaires se manifesteraient avant le 6 octobre prochain, date limite de dépôt des offres techniques, Sonelgaz joint l'« obligation à accepter tels quels les projets de contrats finalisés avec ces trois concurrents ». En relançant l'appel d'offres, l'entreprise publique s'attend à obtenir de meilleurs prix pour des délais de mise en service plus rapprochés. Pour écarter l'éventualité d'une nouvelle surestimation des offres, à l'origine du rejet de la proposition d'Alstom, Sonelgaz a procédé à un réaménagement de ses exigences en introduisant un plafonnement tarifaire des offres. Désormais, il est de 2,34 milliards d'euros pour les deux centrales (environ 3,4 milliards USD). Si les offres venaient à dépasser ce plafond, la compagnie publique de l'électricité se réserve le droit de « donner suite ou non à l'offre financière », soutient M. Bouterfa avant de préciser que « d'autres stratégies commerciales » seraient susceptibles d'être actionnées pour octroyer le marché. Siemens n'était pas sur « liste noire » Pour rappel, le premier appel d'offres a vu la soumission d'une seule offre, celle du consortium Alstom-Orascom pour un montant de 3,8 milliards USD avec des délais de livraison s'étendant entre 45 mois pour Terga et 55 pour Koudiet Eddraouch. GE qui s'est fait lâcher par son associé dans le génie civil, Cobra, après sa préqualification à la phase financière n'a pas formulé d'offres. GE avait demandé en juillet dernier un report de trois mois minimum pour trouver un nouveau partenaire, ce à quoi Sonelgaz ne pouvait satisfaire sous peine d'« aggraver la situation », explique le PDG de Sonelgaz, d'autant plus que ses (GE) délais étaient déjà supérieurs à ceux d'Alstom de 9,5 mois. S'agissant de Siemens, celui-ci n'était pas sur « liste noire » au moment de la soumission, détaille un document de Sonelgaz. Retiré de la liste noire le 21 octobre 2006, Siemens a été autorisé à retirer les cahiers des charges un mois auparavant. En l'espace de deux mois (septembre à novembre 2006), cette firme avait introduit quatre demandes de report du dépôt des offres techniques. Finalement, Sonelgaz a tranché pour le 11 décembre 2006, alors que Siemens voulait encore proroger à la mi-mars 2007. Ce qui a amené à la disqualification automatique de Siemens dès le départ. Le premier responsable de Sonelgaz a souligné, par ailleurs, le contexte international particulier caractérisé par une très forte demande sur les centrales à cycles combinés, le renchérissement des intrants (nickel, cuivre, acier, béton…) et la rareté de la main-d'œuvre qualifiée.