Le manque de liquidités dans les bureaux de poste a suscité la grogne des clients. Il pénalise sérieusement les citoyens qui doivent faire face aux dépenses du Ramadhan qui augmentent graduellement à l'approche de l‘Aïd. La colère monte et leur patience a atteint la limite. Dans certains bureaux, il est difficile de calmer les esprits et les dissuader de revenir à de meilleurs sentiments. Le manque de liquidités est une histoire ancienne, mais toujours d'actualité. « Il a commencé à se faire sentir dans plusieurs wilayas du pays durant l'année 2007. Malgré les demandes répétées d'Algérie Poste auprès des responsables de la Banque d'Algérie, ce manque persiste, perdure et s'aggrave. Que se passe-t-il ? Quand les demandes exprimées sont de l'ordre de 10 unités, on nous donne que 50% », selon le directeur de la communication d'Algérie Poste, M. Boufenara. Pour comprendre le fond du problème, il faut prendre en considération un certain nombre de données. Il faut savoir que le revenu moyen de l'Algérien a augmenté. Si l'année dernière, le retrait moyen effectué par un client CCP était de l'ordre de 7000 DA, cette année, il varie entre 12 000 et 15 000 DA. Cette transition a fait que les Algériens ont besoin de plus de liquidités. Deuxième facteur à prendre en compte : sur les 9,5 millions de clients CCP, il est enregistré dans une journée normale (hors fête nationale ou religieuse) 1 million d'opérations par jour, dont 70% concernent les retraits. Quotidiennement, la masse d'argent qui circule est énorme et elle augmente d'une façon exponentielle. Selon le directeur de la communication : « Il a été constaté aussi que la qualité des billets laisse à désirer, notamment les billets de 200 DA déchirés et collés avec du scotch. Avec des billets pareils, on n'aura pas de monétique au pays. La grande majorité des 400 guichets automatiques de billets (GAB) est sujette à des pannes répétitives dues à la qualité des billets. » La qualité du papier des billets de banque en Algérie est l'un des prérequis à prendre en considération. Pour un distributeur, il faut des billets propres, voire neufs. « Nous avons mis en place une veille et nous suivons l'évolution de la situation. On a constaté hier qu'à partir de 14h30, les bureaux de poste se sont vidés. Si nous avions été amenés par le passé à ouvrir les bureaux même après le maghreb, cela se faisait parce que ces bureaux n'étaient pas connectés au réseau CCP, alors qu'aujourd'hui, 98% le sont et les clients peuvent faire cette opération à partir du bureau du quartier ou du village », explique le représentant d'Algérie Poste. L'opérateur postal veut rassurer. Boudjamâa Haïchour, ministre de la Poste et des technologies de l'information et de communication, avait déjà évoqué à plusieurs reprises le problème de manque de liquidités, jetant une pierre dans le jardin de la Banque d'Algérie. Mais cela ne semble rien changer. Au fil du temps, le problème s'amplifie et force est de constater qu'il y va de la crédibilité des institutions de l'Etat, voire du gouvernement lui-même qui parle dans les discours d'arrimer l'Algérie à la société de l'information et de généraliser la monétique, mais n'arrive pas à résoudre ce problème.