A la fois doué en écriture et en peinture, Hamid Tibouchi est né en février 1951 à Tibane (Sidi Aïch). Sa double vocation se manifeste très tôt : à dix ans pour le dessin et à quinze ans pour l'écriture. Il poursuit des études à l'Ecole normale supérieure d'Alger, une période durant laquelle il se lie d'amitié avec Tahar Djaout. Puis, il se rend en Angleterre pour y enseigner le français (1974-1975), avant de revenir en Algérie enseigner l'anglais. Dès 1971, il publie ses premiers recueils de poèmes, encouragé par Jean Sénac et reconnu d'emblée comme une plume singulière et talentueuse, inspirée à la fois par la contestation et la spiritualité. Certains de ses recueils sont traduits à l'étranger. Il a publié à ce jour plus d'une quinzaine d'ouvrages dont : Mer ouverte (1973), Il manque l'amour (1977), Dailleurs ça ne peut plus durer (1978), La mer (1991, en collaboration notamment avec le grand poète arabe Adonis), Pensées, neige et mimosas (1994), Kémia (2002), etc. Ses premiers recueils des années soixante-dix sont publiés en Algérie en autoédition ou auprès de la maison d'édition artisanale l'Orycte, à Sour El Ghozlane, et animée par le grand poète Messaour Boulenouar avec l'aide du peintre Denis Martinez. Ces éditions, réalisées en sérigraphie, étaient alors un moyen d'échapper au monopole étatique sur l'édition, de même qu'une expérience intéressante de jonction entre des artistes et des poètes. Le croisement des textes et des expressions picturales convient d'ailleurs parfaitement à Tibouchi qui, très tôt, recherchait une complémentarité entre les deux. Cette originalité dans le champ éditorial algérien s'affirmera dès la fin des années soixante-dix, mais ne sera véritablement pas reconnue que lorsqu'il s'installera à Paris en 1981. Là, il décide de donner à son talent d'autodidact, le soutien d'une formation artistique académique avec un diplôme en Arts plastiques à l'Université de Paris VIII. C'est pour lui le début d'une nouvelle carrière. D'abord centrée sur un travail de réinterprétation plastique des calligraphies arabe et amazighe, son expression évolue dans une démarche contemporaine qui conserve cependant en arrière-plan, mais de manière discrète, les éléments symboliques du patrimoine algérien dans sa diversité. C'est aussi au niveau des supports (papiers, tissus de récupération et emballages…) et des couleurs (pigments naturels, encres, charbon, sables…) qu'il affirme son style aux qualités immenses de composition et d'équilibre. Il a exposé dans le monde entier (France, Algérie, Tunisie, Espagne, Etats-Unis...) en poursuivant son écriture poétique.