La campagne de publicité italienne — parrainée par la marque italienne de vêtements No-l-ita — montrant une jeune anorexique nue, divise les professionnels français de la mode, juste avant les défilés parisiens de prêt-à-porter féminin pour le printemps-été 2008. Le président de la Fédération française de la couture, Didier Grumbach, a estimé que cette photographie ne représente pas un mannequin. C'est une image qui n'a rien à voir avec la mode. « Se faire de la notoriété avec la maladie des gens, c'est pénible. Il s'agit bien de faire du sensationnel sur une marque au détriment d'un problème de société qui est très grave. » De son côté, le président de la Fédération du prêt-à-porter féminin, Jean-Pierre Mocho, a précisé qu'il ne faut pas avoir peur de la maladie. « Si vous ne montrez pas (l'anorexie) aux gens, ça reste des conversations de salon. Il faut montrer le désastre. » Le problème de l'anorexie était au cœur des discussions du groupe de travail mis en place par le gouvernement précédent sur un « projet de charte d'engagement volontaire sur l'image du corps ». Le groupe rassemblait des professionnels de la mode, de la publicité, des médias, des représentants d'associations et des scientifiques, sous l'égide du ministère de la Santé. Pour la Fédération de la couture, ses travaux sont terminés. Le groupe « a produit un document qui a été distribué et autant que je sache il n'a été contesté par personne », a déclaré M. Grumbach. Pour l'Union nationale des agences de mannequins (UNAM), la présidente Isabelle Saint-Félix, « on en est au stade de la discussion et aucun texte n'a été approuvé ». De son côté, le ministère de la Santé a révélé que le groupe de travail se réunirait ce mois-ci sous la présidence de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. La Fédération du prêt-à-porter a claqué la porte du groupe de travail, lassée de « faire des réunions sans prendre des mesures », dit M. Mocho qui réclame des « mesures contraignantes ». La fédération a commencé cet été à travailler de son côté avec des conseillers de la mairie de Paris à l'élaboration d'une charte. Pour le président de la Fédération de la couture, le mannequinat est « très réglementé » en France, à la différence de l'Italie, de l'Angleterre et de l'Espagne. Refusant « l'amalgame entre l'anorexie mentale, qui est une maladie, et la minceur des mannequins », la présidente de l'UNAM souligne qu'« en France, on a une législation extrêmement précise pour les agences de mannequins » et qu'il existe « une convention en plus de la loi ». « Occupons-nous plutôt de parler de cette législation et de (la) promouvoir. »