La Fédération internationale des journalistes a rouvert hier son bureau à Alger en présence de son secrétaire général, Aidan White, et des professeurs universitaires. D'emblée, Aidan White souligne que la décision de relancer le centre de la FIJ d'Alger a été prise cette année suite aux contestations internationales contre l'emprisonnement des journalistes Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul. A ce propos, le SG de la FIJ indique que ces cas d'incarcération ont ravivé les craintes au sujet de la liberté de la presse en Algérie. Devant cette situation, l'orateur suggère aux journalistes algériens de montrer eux-mêmes qu'ils peuvent travailler ensemble afin de protéger et de renforcer leurs droits. Dans le même ordre d'idées, Aidan White, qui a eu une entrevue avant-hier avec le ministre de la Communication, avoue déceler une politique de confrontation contre la presse qui se manifestera davantage dans le proche avenir. Le SG de la FIJ déclare avoir, à ce sujet, exhorté Boudjemâa Haïchour à éviter ce conflit avec la presse autour de « plans visant à renforcer juridiquement l'éthique journalistique ». Selon M. White, le discours sur une nouvelle loi du code de l'éthique pour les journalistes engendre la préoccupation que le but soit de contrôler les journalistes et de manipuler les médias pour des raisons politiques. Plus explicite, le bureau de la FIJ à Alger prévoit, dans son programme d'action, de mener un travail pour « la réforme du code pénal et du code de l'information pour supprimer les articles qui exposent le journaliste aux peines d'emprisonnement dans l'exercice de son métier ». Le centre servira, selon M. White, d'observatoire de surveillance des attaques contre la liberté de la presse et mènera éventuellement des actions contre l'emprisonnement des journalistes. La FIJ d'Alger met d'ores et déjà les bouchées doubles en envisageant une campagne pour renforcer les droits des journalistes. Ainsi, elle promet de coordonner une étude à l'échelle nationale concernant le statut des journalistes. En outre, une conférence nationale est prévue pour l'année prochaine afin de débattre de l'ouverture du champ audiovisuel à d'autres médias non étatiques et d'encourager le service public de l'information. Toujours dans le cadre de son programme, le centre d'Alger envisage des actions en vue de réformer le système de distribution de la publicité pour qu'il soit ouvert, transparent et accessible à tous. Répondant à une préoccupation évoquée par le docteur Brahim Brahimi, durant les débats, en relevant la situation difficile dans laquelle exercent les correspondants locaux, la représentante de la FIJ à Alger dira que des questionnaires ont déjà été distribués au niveau de chaque wilaya dans la perspective de réaliser un sondage sur les conditions de travail des correspondants et leurs problèmes professionnels. Sur ce point précis, Aidan White fera remarquer que « les journalistes algériens travaillent dans des conditions difficiles et parfois déplorables » en leur lançant un appel pour s'unir afin de « faire valoir leurs droits professionnels et leurs droits sociaux ». Enchaînant sur le volet syndical de la profession, le SG de la FIJ a souhaité l'existence d'un seul syndicat fort qui pourrait être un interlocuteur fiable des pouvoirs publics et même des lecteurs. « Il faut un seul syndicat fort qui regroupe l'ensemble de la presse et des médias », annonce White en attirant l'attention sur les velléités politiques du pouvoir tendant à diviser les journalistes. A rappeler enfin que le centre de la FIJ a ouvert ses portes à Alger en 1996, puis a gelé ses activités pendant deux ans.