C'est une exclusivité El Watan : le directeur de l'Agence africaine de biotechnologie, à Alger, nous annonce le lancement officiel du Fonds africain pour les biocarburants. Il se fera en novembre à Accra au Ghana, et l'Agence en est un des coordinateurs. Un programme aux enjeux cruciaux. L'Afrique est en retard. Sur les 700 projets de développement des biocarburants dans le monde, le continent n'en a que 10 », constate Papa El Hassane Diop, directeur général de l'Agence africaine de biotechnologie. C'est pour inverser la tendance que mi-novembre à Accra, au Ghana, sera officiellement lancé le Fonds africain pour les biocarburants, né il y a un an. L'enjeu de ce programme est énorme : les pays en voie de développement, essentiellement en Afrique, consacrent 10% de leurs importations au pétrole et utilisent 30% de leurs recettes pour le payer. En termes d'équilibre budgétaire, ce rapport est mauvais. Par ailleurs, l'industrie des hydrocarbures est polluante et de toute manière, on estime que dans quarante ans, les ressources seront épuisées. Les biocarburants ont alors été proposés comme alternative permettant, d'une part, un développement économique durable et, d'autre part, une diminution des gaz à effet de serre. Et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) avec la banque de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) ont décidé d'en faire la promotion à travers le Fonds créé l'an dernier et qui devrait être doté d'au moins 100 millions d'euros. « Aujourd'hui, les gouvernants sont conscients qu'ils doivent mettre fin à cette dépendance, poursuit Papa El Hassane Diop. Tous les pays de la Cedeao sont partenaires et dans un avenir proche, on espère établir d'autres connexions. Le Sénégal, le Ghana, le Kenya, le Zimbabwe, le Nigeria, le Malawi ou encore le Cameroun sont déjà impliqués dans des projets. » Ces projets s'articulent autour du développement de cultures pour la production de bioéthanols — à partir de plantes comme la canne à sucre — ou de biodiésels — à partir d'huiles végétales comme le palmier à huile ou le jatropha (voir encadré). C'est là qu'intervient le Fonds. « Il a trois vocations, précise le directeur général. Financer la recherche, la formation et l'assistance technique (l'Agence africaine de biotechnologie est coordinatrice de ce volet), aider à la gestion du marché des carburants et soutenir le secteur privé pour faciliter les investissements du petit producteur au solide industriel. Concrètement, que pour un investissement de 3 dollars, il puisse en récupérer 10. » Mais comment le petit producteur peut-il justement savoir que le fonds existe ? « Un travail important de sensibilisation est prévu, souligne-t-il. Des agences locales vont servir de relais sur le terrain. Nous allons définir ensemble une politique et organiser des ateliers et des séminaires. »