Ladlani Amar, plus connu durant la lutte d'indépendance sous le nom de « Kaddour », vient de décéder. Dès 1945, Ladlani est membre d'une cellule MTLD du Ruisseau (aujourd'hui Les Annassers) à Alger et gravit bientôt l'échelon de chef de groupe des Tanneries. Quatre ans plus tard, comme beaucoup de jeunes à l'époque, il émigre en France et se retrouve à Liévain, dans le Pas-de-Calais, comme membre du comité de kasma, spécialement chargé des finances. Début 1950, la Fédération de France du MTLD fait passer à certains militants un test d'aptitude aux fonctions de permanent. Kaddour subit avec succès l'épreuve. Aussitôt après, il est désigné comme « régional » du Centre, territoire s'étendant de la frontière suisse à Annemasse, jusqu'à l'Atlantique à l'ouest, et comprenant en particulier les fortes concentrations maghrébines de Lyon, Clermont-Ferrand, Roanne et Montluçon. Deux ans plus tard, une permutation des cadres affecte Ladlani dans le Nord, aux lieux et place de Benferhat muté dans le Midi. Quant à la région Centre, elle échoit à Abderrahmane Guerras. Ainsi, Ladlani va-t-il occuper son poste de 1952 à 1954. Eclate alors au grand jour la scission du MTLD, enfin portée à la connaissance de la base, lors de la conférence annuelle de février, salle de la Grange-aux-Belles, à Paris. A ce moment Boudiaf, qui occupe la fonction de responsable d'organisation au niveau fédéral, et Mourad Didouche son adjoint, vont quitter la France et se rendre à Alger pour se lancer corps et âme dans la constitution du CRUA. Dès lors, le comité fédéral se disloque et ses membres, dans leur ensemble, vont s'opposer à Messali. Tous les permanents sont alors libérés de leurs fonctions. Le 1er Novembre surprend Ladlani dans cette situation de « permanent libéré ». Comme la plupart des militants MTLD non « au parfum » des choses du CRUA et du FLN, il se pose la question : « Qui a bien pu faire ça ? ». Les anciens cadres essaient de se positionner par rapport à l'évènement. Il agit de même. Aussi après quelques mois, le contact est-il établi avec Terbouche, Guerras et Bensalem. Et voilà l'ancien chef de région MTLD qui reprend du service comme militant de base du FLN. Mais aujourd'hui les choses revêtent une autre tournure : la guerre de Libération a effectivement commencé. Guerras qui, l'année précédente, était son collègue « régional », se trouve appartenir à « la direction des Quatre ». Avec l'accord des trois autres, il désigne, en juillet 1955, Ladlani comme son adjoint pour le Centre et l'envoie à Saint-Etienne. Six mois plus tard, Ladlani est muté à Lyon comme responsable d'une zone Centre-Sud comprenant les agglomérations algériennes de Lyon, Marseille et Côte d'Azur, ainsi que toute la région du centre de la France, s'étendant d'Annecy jusqu'à la côte Atlantique. C'est en cette qualité de « zonal » qu'il est invité par Mohamed Lebdjaoui, nouveau responsable fédéral à la réunion de fin décembre 1956 à Paris, où il lui annonce sa nomination comme responsable d'organisation au niveau de la Fédération de France. Juste après la réunion, il retourne à Lyon pour y superviser le déroulement de la « grève des huit jours ». Lorsqu'il revient à Paris, fin février, pour exercer sa nouvelle fonction, la DST a déjà lancé le vaste coup de filet du 26, qui a réduit le comité fédéral de plusieurs de ses membres. Il n'y retrouvera que Boulahrouf, assisté de Boumendjel, Moundji et Soussi, tous les autres sont arrêtés. Ladlani assurera dans le dernier comité fédéral de 1957 à 1962 la fonction, combien lourde et primordiale, de responsable à l'organisation. Depuis, tous les cadres, du chef de cellule jusqu'au chef de wilaya lui ont voué estime, respect, et, pour ceux qui l'ont connu de près, une amitié qui ne s'est jamais démentie. Avec le décès de Ladlani, responsable important de la Fédération de France du FLN et depuis 1959 membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), c'est un pan entier, et peu connu de notre Histoire de la guerre d'indépendance, qui s'en va. Adieu ! Adieu Kaddour notre frère, ton apport à la lutte de Libération restera dans le souvenir de tes compagnons pour toujours comme une contribution de premier ordre à l'édification de l'Algérie indépendante.