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Commercialisation des produits pharmaceutiques
Le contrôle systématique, seul moyen de lutte contre la contrefaçon
Publié dans El Watan le 29 - 10 - 2007

La contrefaçon des médicaments, telle une épidémie silencieuse, est en passe d'étendre ses tentacules aux quatre coins de la planète, touchant à un secteur des plus sensibles. Bien que le marché national semble en être très peu concerné, si l'on croit différents avis de spécialistes, la prudence demeure toutefois de mise afin de sécuriser au mieux les circuits de commercialisation de divers produits pharmaceutiques.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) , sur un marché mondial du médicament estimé à près de 665 milliards de dollars en 2007, la part des médicaments contrefaits représente un marché très juteux de vingt-cinq fois plus le trafic d'héroïne et cinq fois plus que celui de la cigarette. Pour sa part, l'autorité sanitaire américaine la Food and Drug Administration (FDA) estime à 10% les contrefaçons de médicaments du marché mondial et fait engranger aux contrefacteurs plus de 32 milliards de dollars US par an. Pourtant, étant un produit pas comme les autres, tout médicament devrait obtenir une autorisation de l'autorité sanitaire avant d'être commercialisé afin de garantir la sécurité, la qualité et l'efficacité du produit et décrit les mentions qui seront obligatoirement portées dans la notice d'utilisation. Les médicaments contrefaits sont des produits dont la composition et les principes ne répondent pas aux normes scientifiques et qui sont par conséquent inefficaces et souvent dangereux pour le patient. La contrefaçon qui touche aussi bien des produits de marque que des produits génériques se présente sous forme d'une imitation de l'emballage ou par une absence ou une présence en quantité insuffisante de principes actifs dans le médicament. Dans les pays riches, ce fléau concerne le plus souvent des médicaments coûteux tels que les hormones, les corticoïdes et les antihistaminiques. Quant aux pays en développement, les vaccins semblent être les plus exposés à la contrefaçon, ainsi que les traitements anti-sida . Une enquête effectuée sur une vingtaine de pays par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fait ressortir que 60% des cas de contrefaçon concernent les pays pauvres et 40% les pays industrialisés, alors qu'un rapport du FDA en 2004 intitulé " Combattre la contrefaçon de médicament" indique que 64% des médicaments anti-malaria étudiés au Vietnam ne contenaient pas de principe actif et 50% des traitements anti-malaria en Afrique seraient contrefaits. 10% à 12% des médicaments vendus en Russie et en Chine sont contrefaits, alerte l'autorité sanitaire américaine. Selon les spécialistes, l'Internet représente une réelle menace car des ventes illégales, qui ne font objet d'aucun contrôle, y sont courantes. Une menace qui n'épargne aucun pays. Le Viagra tient le haut du podium de ces produits contrefaits largement vendu sur le net, notamment dans les pays industrialisés, mais qui n'épargne pas des pays en voie de développement. En Algérie, des cas " isolés " sont signalés, alors qu'au Maroc, des cas de ventes de ce produit sous une appellation proche (Vegra) sont aussi remarquées dans des marchés populaires (Souks). Face aux dangers d'un accroissement de ce marché parallèle et aux répercussions dramatiques qu'il peut engendré sur la santé et l'économie mondiale, certaines industries pharmaceutiques ont choisi de mettre en place des procédures de traçage qui permettrait de garantir la qualité, la sécurité et l'efficacité thérapeutique des médicaments. Certains dispositifs sont d'ores et déjà utilisés pour tracer et authentifier les produits pharmaceutiques, notamment, la présence d'une étiquette intelligente basée sur la technologie RFID (Radio Frequency Identification), ou encore l'utilisation d'étiquettes à bulle pour emballages pharmaceutiques. Ce qui induirait à coups sûrs, des investissements importants au niveau des équipements des groupes pharmaceutiques, dont certains ont déjà une réputation écornée par des affaires judiciaires liées à ce fléau de contrefaçon.
Le risque zéro n'existe pas
" S'il y a un secteur qui n'est pas touché par la contrefaçon, c'est bien celui du médicament. " Cette sentence décrétée par le professeur Mansouri, directeur général du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), placé sous la tutelle du ministère de la Santé, a de quoi rassurer les consommateurs en ces temps de sinistrose ambiante. Pour lui, le contrôle est " systématique " et se fait " lot par lot " depuis la nouvelle réglementation mise en place en 1995. Le même avis est partagé du reste par bon nombre d'intervenants dans l'industrie pharmaceutiques, dont certains s'étonnent même de l'évocation du sujet. Pour le directeur général de l'Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI), M. Aïssaoui, pour qui l'industrie pharmaceutique est épargnée, " les circuits de production et de commercialisation dans cette filière sont bien définis et, de ce fait, l'évaluation de la conformité des produits s'effectue de bout en bout. " " Pourtant le risque zéro n'existe pas " tempère d'autres. Des cas, certes " isolés " mais bien réels sont signalés de temps à autres. Des pharmaciens privés n'ont pas manqués d'avouer des cas de sous-dosage de médicaments et de certaines " ruses commerciales ", citant des cas de vaccins administrés mais inefficients, à l'exemple de vaccins antigrippaux. D'autres s'interrogent sur les prix trop bas de certains médicaments soupçonnant une inefficience avérée, d'autant plus que la cherté des médicaments de certaines classes thérapeutiques, favoriseraient ce genre de trafic. Et afin d'étouffer dans l'œuf le fléau de la contrefaçon des médicaments, les autorités sanitaires du pays ont mis en place un centre de bioéquivalence, crée dans le cadre d'une convention bilatérale conclue avec la Jordanie, et qui assurera la qualité, la sécurité et l'efficacité des médicaments en Algérie. Selon le DG du LNCPP, pour qui de 1996 à aujourd'hui, le taux de non -conformité est passé de 3% à 0,1%, cette structure complétant le laboratoire de contrôle de la qualité, a pour mission d'établir des liens avec les centres hospitalo-universitaires (CHU) qui élaborent les protocoles cliniques des médicaments génériques, qui seront prescrits aux malades au niveau des hôpitaux. D'autre part, et à l'échelle maghrébine, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont signé une convention portant sur la création d'une Ligue des conseils des pharmaciens des pays de la région. Une ligue dont la mission sera d'harmoniser et de rapprocher les systèmes et les programmes au niveau du Maghreb, d'autant plus que la mondialisation aidant, les politiques nationales de la santé autrefois liées à l'OMS seraient régies désormais par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce qui a fait dire au premier responsable de l'Ordre des pharmaciens algériens, qu'il est nécessaire de sécuriser " tous les maillons de la chaîne du médicament " et de créer une " agence du médicament conformément aux engagements de notre pays vis-à-vis de l'OMC. "


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