Après la révolte engendrée par le rejet des dossiers de candidatures, de nombreux partis en lice se lèvent contre l'attribution des numéros pour distinguer les bulletins de vote des uns et des autres. « L'administration se substitue encore aux formations politiques et leur impose ses propres choix », déclarent les représentants des formations politiques que nous avons contactés hier. L'attribution des numéros ne répond pas, selon eux, à l'exigence « d'organiser une élection propre et transparente » longtemps demandée. Cette décision, estime le FFS, est « une autre aberration du département de Yazid Zerhouni » qui s'ajoute à la non-installation de la commission politique de surveillance des élections et la complication de l'opération de contrôle. « Nous sommes en face d'une administration coloniale qui impose les représentations selon la logique de cooptation », lance le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, critiquant au passage la classification des partis en se basant sur les résultats des trois dernières élections législatives. Des élections qui, selon lui, « étaient entachées de fraude ». Pour notre interlocuteur, il n'y a aucune volonté de faciliter le choix des électeurs. « En plus des conditions politiques ne favorisant pas une réelle représentation, il y a des aspects administratifs qui faussent cette même représentation en favorisant les partis de l'administration », enchaîne-t-il. Rappelant le nombre élevé d'analphabètes en Algérie, le responsable du plus vieux parti de l'opposition plaide pour l'attribution de signaux distinctifs clairs aux partis au lieu de ces chiffres. « Aux USA, qui est la plus ancienne démocratie, on attribue différents signaux qui distinguent les partis. En Inde et au Pakistan, on attribue aussi des couleurs et des symboles », précise-t-il. La meilleure manière de faciliter la tâche aux électeurs, dans un pays qui compte plus de 6,5 millions (chiffre communiqué par le Ceneap) d'analphabètes, estime Ramdhan Taâzibt, député du PT, est l'inclusion de la photo des leaders de chaque parti dans les bulletins de vote. Cette vieille revendication du parti de Louisa Hanoune est, selon lui, toujours de mise. « Nous avons même demandé à ce que cette mesure soit incluse dans la loi électorale. Malheureusement, le problème demeure posé depuis 1997 et on n'arrive toujours pas à le résoudre », explique-t-il. L'attribution des numéros a été faite, selon lui, d'une manière arbitraire. Le RCD était le premier parti à dénoncer cette mesure en fustigeant le ministère de l'Intérieur. « Le ministère de l'Intérieur veut coûte que coûte favoriser le FLN. Pour cela, il a annulé les résultats des tirages au sort effectués au niveau de certaines wilayas et qui étaient défavorables au FLN », indique Mohcène Belabbès, député et chargé de communication au RCD. Pour sa part, le MSP rejette l'opération en amont et en aval. « La méthode du classement des partis politiques est fausse. Il faut qu'il y ait d'abord un consensus entre tous les partis engagés dans cette élection et ce n'est pas à l'administration d'imposer ses choix », dira Naâmoun Laouar, chargé de la préparation des élections au MSP. Et d'ajouter : « On n'a pas d'interlocuteur d'autant que la commission politique de surveillance des élections n'a pas été installée. » Pour ce responsable du MSP, ce sont ces insuffisances qui amplifient l'abstention et discréditent l'élection.