Siège du ministère des Travaux publics à Ben Aknoun, à 8h30. Un cortège de journalistes vient de s'ébranler à destination du premier chantier qui va être inspecté sous peu par Amar Ghoul, rituel que le ministre s'impose pour « booster les chantiers en cours ». Première étape : un projet d'aménagement du carrefour de Aïn Allah, l'un des gros points noirs de la périphérie de la capitale, en vue de désengorger l'axe qui va de Dély Ibrahim à Draria. M. Ghoul arrive dans un 4x4 Volvo. Il inspecte chaque section du chantier. Le projet comporte deux trémies : l'une sur l'axe Ben Aknoun-Bois des Cars sur la RN36, l'autre sur l'axe El Achour-Béni Messous sur le chemin de wilaya n°11. Le taux d'avancement général des travaux est de 55%, indique un panneau, 85% selon le ministre. Le chantier est signé ENGOA (Entreprise nationale des grands ouvrages d'art). Pendant ce temps, un bouchon se forme au centre du point noir comme pour signifier aux ouvriers en casque que la situation urge. Deuxième étape : la double trémie de Bir Mourad Raïs. Sur l'autoroute qui va de Aïn Allah à la Concorde, le trafic est dense et la circulation pénible. C'est congestionné sur toute la ligne.Sur le chantier, nous nous engouffrons dans l'une des trémies, celle reliant les Sources à l'embouchure de l'autoroute de Blida. Le gros de la galerie souterraine est fini. Une autre trémie monte de Bir Mourad Raïs vers La Côte. Les deux devraient être opérationnelles au premier trimestre 2008, assure-t-on, au grand soulagement des automobilistes qui suent au niveau de ce carrefour constipé. « Goulhoum yactivou ! » (dites-leur d'activer ), lance un jeune d'un minibus. « C'est une affaire de quelque 60 jours ouvrables. Mais il faudra compter avec les intempéries qui retardent les travaux », confie un cadre. Le directeur des travaux publics de la wilaya d'Alger et un représentant de l'entreprise ENGOA expliquent abondamment chaque projet. Sous le grand pont de Bir Mourad Raïs sont présentées des fiches techniques à grand renfort de chiffres et d'images virtuelles. Sur l'un des panneaux, le plan d'un magnifique viaduc dont l'étude vient tout juste d'être finalisée. C'est l'ENGOA qui a été chargée de réaliser cette étude en sous-traitance avec un bureau italien spécialiste de ce type d'ouvrages : Ingegneri Zuccolo Construzioni. Sur le papier, le projet est tout simplement géant. Il s'agit d'un viaduc d'accès de deux fois trois voies, d'une longueur de 965 m. Il fait 190 m de hauteur au point culminant de la travée centrale. Si nous avons bien compris le tracé de cet ouvrage complexe, par ses prolongements, il va du port à l'autoroute en enjambant le grand bidonville s'étalant entre Oued Ouchayeh et Gué de Constantine, communément appelé Village tunisien, avant de se jeter dans l'autoroute à hauteur de Oued El Kerma, derrière la voie ferrée et la RN38. Un sacré contournement qui permettra de désengorger les abords de l'enceinte portuaire et son charivari de semi-remorques chargés de conteneurs. Une photo aérienne montre l'énorme bidonville et les appuis topographiques du viaduc. Posant le doigt sur la carte, le wali délégué de Bir Mourad Raïs dira : « Il y a quelque 4000 baraques dans ce bidonville, mais il faut savoir que la commune de Gué de Constantine compte en réalité plus de 12 000 baraques. » En attendant leur éradication, M. Ghoul s'enquiert de la conduite des travaux (quand ceux-ci seront lancés) en insistant sur la sécurité des habitants du bidonville qui verront le viaduc prendre peu à peu forme au-dessus de leur tête, selon la technique dite de « l'encorbellement ». « Il faut redoubler de vigilance. La sécurité n'a pas de prix », insiste le ministre des Travaux publics à l'adresse du représentant de l'ENGOA. En outre, M. Ghoul, après avoir demandé d'affiner certains aspects de l'étude, s'est appesanti sur la nécessité de tenir compte des paramètres parasismiques « les plus sévères » et de faire montre de plus d'audace sur le plan esthétique. « Sortez du carcan classique. Faites preuve d'imagination sur le plan géométrique. Mettez une touche originale », a-t-il répété avant de lancer à l'adresse des responsables concernés : « Préparez les dossiers le plus tôt possible pour valider la proposition. C'est un travail urgent ! » La prochaine étape de ce périple algérois a été l'inspection du chantier de dédoublement de la RN24 qui dessert les agglomérations de Bordj El Kiffan, Bordj El Bahri et Aïn Taya. Objectif : désengorgement du littoral Est de façon à dégager la route côtière pour qu'elle soit prête l'été prochain. Il s'agit d'un axe de 20 km qui va de Cinq Maisons à Aïn Taya avant de se lancer sur la bande bleue qui va jusqu'à Béjaïa. Des ponts seront bientôt ouverts à Fort de l'eau et à Café Chergui pour une plus grande fluidité du trafic. Un évitement de la ville de Aïn Taya a été officiellement inauguré en attendant la mise en place d'une voie express après que le ministre ait promu, séance tenante, les chemins de wilaya 121, 122 et 149 au rang de routes nationales.