La semaine dernière, en creusant des fosses sur un terrain pour que des immeubles d'habitation y soient érigés en face de la cité des 300 logements sur la route de Chetma, la pelleteuse d'une entreprise de construction a fait une étrange découverte qui consiste en la mise au jour de plusieurs amphores en terre cuite, enfouies à des profondeurs inégales, de différentes tailles, dont la plus volumineuse atteint 2 m de longueur pour une circonférence de 50 cm, et contenant des squelettes humains « enrobés » de sable compact. L'une d'entre elles, fracassée par le godet de l'engin, aurait renfermé les corps enlacés d'un adulte et d'un enfant, selon le gardien du chantier exhibant, à tout venant, un sac en plastique rempli d'ossements et de fragments de poterie qu'il aurait ramassés sur les lieux. En effet, les immenses trous laissent apparaître, en coupe perpendiculaire, des sections de « cocons d'argiles » contenant des ossements (crâne, mâchoires et os longs). Est-ce un cimetière antique ? Quelle en est la superficie et combien de ces sarcophages en terre cuite y subsiste-il ? Quelle civilisation a inhumé ses morts dans ce genre d'amphores mortuaires ? Sont-ce des linceuls ? De quel rituel funéraire s'agit-il pour ce type d'enterrement ? Qui étaient ces gens ? Quand et comment sont-ils morts ? Seuls des archéologues et d'autres spécialistes des opérations de fouilles minutieuses du sol, habilités à extirper délicatement de leur gangue de terre ces cercueils atypiques, sont en mesure d'y analyser la nature et le contenu, et à y appliquer des procédures de datation et de conservation rigoureuses pouvant apporter quelques éléments de réponses à toutes ces interrogations et à bien d'autres. En attendant que les départements et les services publics, qui ont en commun le souci de préserver et de valoriser le patrimoine archéologique, se mettent en branle pour en savoir plus sur cette exhumation bien involontaire, le site reste ouvert aux quatre vents et au vandalisme de toutes sortes.