Elisez-nous et demandez-nous des comptes. » Un slogan retenu par le MSP, parti membre de l'Alliance présidentielle, pour les élections locales du 29 novembre courant. Ce slogan paraît renversé. Il aurait été plus correct de proposer ceci : « Demandez-nous des comptes et élisez-nous. » Le MSP, ni aucun autre parti, FLN et RND en tête, n'a pas établi un bilan détaillé et public de sa gestion des communes et des assemblées de wilaya. Comment peut-on demander aux citoyens, de plus en plus insensibles à l'acte électoral, de choisir un président d'APC ou un membre d'APW alors qu'ils ne connaissent rien sur la gestion antérieure des localités ? Il y a, quelque part, un problème. Il n'existe aucune disposition légale précise qui oblige un président d'APC sortant de communiquer à la population le bilan de son mandat. Certains ont failli dans leur mission : ils se sont retrouvés soit en prison, soit... reconduits dans les listes pour le prochain scrutin. Sans retenue, l'Etat a effacé les dettes de plusieurs communes sans essayer de savoir comment les fonds avaient été dépensés et dans quels projets. En 2007, presque 1000 communes sont encore endettées. Aucune voix officielle ne s'est élevée pour s'interroger sur l'origine de cet endettement : est-ce à cause des murs repeints à la faveur des visites présidentielles ou à cause des méchouis offerts lors des déplacements des ministres ou encore pour la réfection des trottoirs (une spécialité nationale !) ? Pas de commission d'enquête, ni gouvernementale ni parlementaire, rien. Puisque l'argent déborde des caisses de l'Etat, on va procéder à autre effacement des dettes, et on repart pour un autre cycle. Les présidents d'APC et d'APW prennent les mandats et les terminent sans être contraints de faire des déclarations de patrimoine. Ce qui est valable pour l'APC, l'est également pour la wilaya. Puisque le wali, qui ne rend compte à personne, voyage d'une wilaya à une autre grâce au fameux mouvement tournant qui se base sur des critères obscurs. L'absence totale de transparence dans la gestion locale alimente le manque de confiance des citoyens choqués de voir des élus et des administratifs locaux — pas tous — s'enrichir sous les lumières éclatantes du jour. L'argent public se privatise dans l'impunité générale. Impunité nourrie par le centralisme qui continue de peser sur l'administration algérienne. Les élus, dont les prérogatives sont largement limitées, dépendent souvent du chef de daïra ou du wali pour engager des projets ou avoir les autorisations nécessaires. En d'autres termes, il ne sert à rien d'être élu puisque le chef de daïra a plus de pouvoirs ! Inutile de s'interroger sur le sort réservé au rapport Missoum Sbih sur la réforme des missions de l'Etat. Un rapport qui a proposé la décentralisation. Celle-ci peut être une solution pour alléger la « gouvernance » locale des pesanteurs « d'Alger » et permettre une certaine liberté de manœuvre aux élus. Le problème est que le vieux système politique algérien n'est pas encore prêt à sortir de l'obsession policière de vouloir tout contrôler, tout régenter. Aussi, le véritable slogan aurait été celui-là : « Désignez-nous et nous ne dirons rien ! »