Faisant fi de la solidarité gouvernementale, il s'est exprimé comme un farouche opposant. «Nous demandons que l'administration soit neutre, et sans couleur partisane», a déclaré, hier Boudjerra Soltani, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), lors de la rencontre régionale ayant réuni les membres des conseils consultatifs des wilayas du Centre de son parti, au club El Moudjahid à Alger. Meneur d'un parti de l'alliance présidentielle et de surcroît, ministre d'Etat, Soltani, est allé plus loin, comme un farouche opposant: «Nous demandons des urnes transparentes et fixes et non pas des amplificateurs de voix». Les propos du président du MSP ne traduisent, en réalité, qu'un changement de tactique devenu une règle dans les moeurs politiques du parti. Un subterfuge qui consiste à rejoindre les rangs des marginalisés et des victimes, pour séduire les grandes masses mécontentes de la politique de l'équipe gouvernementale en place, avec laquelle on avait pourtant partagé «les plaisirs» de l'exercice du pouvoir pendant cinq longues années. Un pouvoir, où le MSP, il est vrai, n'est pas majoritaire mais indéniablement engagé avec 5 ministres, 38 députés, 15 sénateurs ainsi que 42 communes sous sa bannière. Il faut dire également, qu'en parlant de la partialité de l'administration et de la transparence des urnes, c'est-à-dire de la fraude, le successeur du cheikh Nahnah ne fait qu'exprimer une hantise liée à la suprématie bureaucratique de ses alliés concurrents dits «nationalistes», le FLN et le RND. Décidé selon toute vraisemblance, à rompre tous les liens de solidarité avec ses coéquipiers de la coalition présidentielle, Soltani s'est attaqué au plan de la relance économique «qui n'a pas atteint les buts recherchés». Feignant d'ignorer l'implication de son parti dans l'exécution de ce programme, le leader du MSP considère que: «au lieu d'une croissance économique allant de 7 à 8% fixée comme objectif, les 150 milliards de dinars injectés dans l'économie n'ont réalisé qu'un peu plus de 5% de croissance». Sur un autre chapitre, Soltani a souligné que l'histoire du pays, le mouvement syndical et associatif et les institutions de l'Etat sont la propriété de tous les Algériens et non pas l'héritage d'un parti politique quelconque. Un message codé envoyé au patron du RND qui a déclaré, mercredi, à partir de Constantine, que c'est grâce à l'Ugta, les moudjahidine, les enfants des moudjahidine, les enfants des chouhada, l'Unfa, les scouts, l'Unpa, l'organisation des retraités de l'ANP et surtout les patriotes, que le RND a pu voir le jour. En dépit des moments difficiles qu'il a traversés, suite à ses déclarations portant sur des dossiers de corruption puis sa convocation pour témoigner dans le procès Khalifa, Soltani ne semble pas fatigué puisqu'il a tiré à boulet rouges sur ses rivaux. Il s'agit des «partis squatteurs du patrimoine national, les partis saisonniers et les partis sous tutelle». L'orateur a tenu à préciser, par ailleurs, que «le MSP est un parti démocrate à référence islamique mais pas un parti religieux». Revenant à l'objet de la rencontre, Soltani a lancé à l'adresse des cadres de son parti que «les candidats doivent passer par l'escalier politique du mouvement, nous n'avons pas besoin de parachutés». Allusion faite au nouveaux débarqués qui prétendent occuper les premiers rangs dans les listes électorales. Rappelons, dans ce contexte, que la dernière réunion du conseil consultatif de ce mouvement a été sanctionnée par des directives sommant les structures locales de libérer l'accès aux militantes pour figurer parmi les 5 premières positions dans les listes. Soulignons enfin, que cette rencontre des conseils consultatifs des wilayas du Centre, porte sur la définition du discours et du programme de la campagne électorale qui bat déjà son plein avant son annonce officielle. Le slogan du MSP pour les législatives du 17 mai prochain, a laissé entendre son président, tournera autour de: «Elisez-nous avant de nous demander des comptes»!!!